Nouvelle de Marie 76
Le véritable amour
Je me sens bien,
j'entends son cour qui bat. Nous ne regardons pas la télévision, nous
nous regardons dans les yeux. Il est minuit, tout le monde dort mais
nous sommes dans la chambre, allongés sur le tapis, avec comme
éclairage, la télévision. Nous profitons de ce moment et nous imaginons
mon oncle entrer dans la chambre et nous surprendre. Quel scandale !
Cela nous fait rire mais ça peut bien arriver. Là bas, au Maroc, ce
genre de chose n'est pas accepté. C'est un moment inoubliable mais
malheureusement ça ne dure jamais assez longtemps. Il est une heure et
demi du matin et il m'accompagne dans ma chambre. Sans faire de bruit,
nous montons les escaliers en se tenant par la main.
Je le connais très bien, nous nous voyons souvent mais sans plus.
Cette été 2005, comme tous les ans, mon père a un congé d'un mois et
demi, ce n'est pas beaucoup pour lui mais pour moi c'est déjà trop. Je
vais au Maroc voir ma famille. J'ai une grande maison. Je ne vis pas en
ville mais à la campagne, à environ 100 kilomètres de Ouarzazate, dans
une vallée appelée « la vallée de Dades ». Cette vallée est composée de
plusieurs villages plus ou moins grands. Je ne connais pas tous les
villages, seulement quelques uns. Moi, je vis à « Ait kassi ouali », il
y a un peu plus loin le village où vis ma tante Fatima, c'est « Amdnar
». Là bas je ne connais pas beaucoup de monde mais beaucoup de gens me
connaissent. C'est étrange.
En règle générale, on me dit que je suis patiente mais quand je suis là
bas, je ne supporte plus rien. Après deux semaines là bas, je ne
supporte plus les gens qui ne te respecte pas. Ils te jugent sans te
connaître, ils ne pensent qu'à leur propre personne. Dans ma famille,
beaucoup sont lunatiques. Je déteste ça. Pour ce qui est de moi,
lorsque j'arrive ils sont heureux, au bout d'une semaine, ils commencent
à me pourrir la vie alors que je suis censée être en vacances, mais au
moment de partir, ils pleurent. Quelques fois, je remarque une certaine
jalousie à mon égard. Je ne comprends pas car je reste moi même quelque
soit le pays où je me trouve. Heureusement, tout le monde n'est pas
comme ça avec moi.
Je me souviens très bien de ce Vendredi soir, ce 5 juillet 2005.
Invitée à dîner chez de la famille, nous nous retrouvons, mes cousins et
moi dans une pièce où nous gravons toutes les dates que nous ne voulons
pas oublier. A l'abris des regards, mon bien aimé s'ouvre à moi
et me révèle ses sentiments, ses yeux marrons me transpercent et je sens
sa main trembler dans la mienne. Ce moment si romantique, où seuls les
cours parlaient ,restera gravé dans ma mémoire ainsi que sur ce mur à
tout jamais.
Je n'oublierai jamais ce moment, je l'aime, il m'aime, on se promet la
fidélité malgré la distance. Un moment passe et enfin, il me demande
s'il peut m'embrasser. Il me demande toujours avant de faire quelque
chose pour être sûr que cela ne me dérange pas. Mon sourire trahissait
mon impatience et il déposa ses douces lèvres sur les miennes. J'aurais
aimé que ce moment dure éternellement..
Les jours passent et il ne me reste qu'une semaine avant de repartir
en France. D'un côté, j'ai hâte de partir mais d'un autre côté, je ne
veux pas le laisser. J'ai peur de cette si grande distance qui nous
séparera.
Cette dernière semaine, je l'évite car je doute de moi, je doute de
nous, de notre avenir ensemble. J'ai peur de la réaction de mes parents
qui ne sont pas au courant de notre histoire.
Dans ma tête, cette pauvre tête qui pense à trop de chose dont elle ne
devrait même pas se soucier, il se pose un autre problème, celui d'un
homme que j'ai longtemps cru aimé mais que connaît on de l'amour
a 13 ans. Cette homme n'est en fait que le fruit de la volonté de
mes parents mais il m'a fallu du temps pour comprendre ce que les
mots "promise" et "accords familiaux" signifiaient.
Penser qu'il m'aimait me suffisait ,sa gentillesse et son
intelligence me confortait. Mais je ne peux pas lui en vouloir car
finalement dans cette histoire il était tout comme moi une marionnette
dirigée par les pouvoirs insoupçonnés des chefs de famille.
Je ne me pardonne toujours pas d'avoir tromper celui que j'aime et qui
m'aime pour ce que je suis, qui me respecte et me comprend comme
personne.
Tout au long de cette année de séparation, il souffrait beaucoup, il
ne supportait plus rien, il ne mangeait plus. Il ne se préoccupait plus
de ces études et n'a pas eu son baccalauréat. Il ne pouvait pas
m'oublier.
Plus les jours passaient, plus je pensait a lui. Je n'avais plus aucun
doute. C'est bien lui que j'aime, je veux faire ma vie avec lui.
L'été 2007 arrive et j'ai peur. Je pars en vacances avec une tête
pleine de problèmes à résoudre, pleine de comptes à rendre. Tout d'abord
je dois dire lui dire la vérité, lui dire que je l'ai toujours aimé et
que je ne peux pas vivre sans lui. Il doit savoir que j'ai peur, mais
que pour lui je ferai n'importe quoi. Quant à mon soi-disant prétendant,
je doit lui dire que je ne l'aime pas. J'espère bien qu'il me
comprendra.
Nous sommes le 27 juillet 2007, je suis au Maroc depuis quelques jours
seulement et j'ai déjà envie de partir.
J'accompagne ma belle-sour voir sa famille qu'elle n'a pas
vu depuis un an, car il faut comprendre que toute une année loin de sa
famille, ce n'est pas si facile. J'en profite donc pour y passer quelque
jours comme pour m'évader de cette maison où je vis.
Avant mon départ pour ce village pas très loin de chez moi où je ne
connais pratiquement personne, je préviens mon bien aimé pour qu'il
vienne passer ces quelques jours avec moi. Ce jour que j'attends depuis
si longtemps arrive enfin, je vais pouvoir lui déclarer mon amour pour
lui.
Nous sommes assis tout les deux dans la chambre. Celle-ci est bien
décoré, avec des tapis fabriqués avec des morceaux de tissus de toutes
les couleurs. C'est drôle comme nous nous retrouvons encore dans une
chambre avec une télévision, d'ailleurs nous aimons tout les deux
regarder les clips vidéos sur les chaînes arabes mais par dessus tout
nous sommes fans de films d'origine indienne. Ces films qui se terminent
toujours de la même façon, c'est-à-dire qu'il y a un vrai mariage
d'amour.
C'est tellement beau les mariages d'amour mais malheureusement les
mariages arrangés se font toujours dans beaucoup de pays du monde. Je
n'aime pas penser à ça, j'ai déjà lu trop de livre sur ces choses là.
C'est fait, nous nous comprenons, je lui explique ce que j'ai vécu avec
l'autre, c'est-à-dire pas grand chose. Je n'aime pas prononcer son
prénom et lorsque ma mère me parle de lui je ne sais plus quoi dire.
Bien sûr qu'elle n'est pas au courant de notre rupture, je n'imagine
même pas sa réaction quand je vais lui dire.
En tout cas, la seule chose dont je suis sure, c'est que je veux tout
partager avec lui, et qu'avec l'aide de Dieu, nous affronterons toutes
les épreuves.
Je ne peux pas rester plus longtemps chez ma tante car mère a besoin de
moi à la maison. On peut dire que je suis d'une petite utilité.
De retour à la maison, je m'ennuie beaucoup, je reste seule à
regarder le temps qui passe, il n'y a rien à faire. Même la lecture ne
me motive pas. Il me manque terriblement.
Tout de même, j'ai la chance d'avoir une cousine qui fait passer les
messages entre nous. Je vais chez lui très souvent avec le prétexte de
voir une autre cousine. Quant à lui lorsque je ne peux pas venir le
voir, c'est lui qui vient à la maison avec le prétexte de voir mes
cousins qui sont ses amis. Là bas, dans mon village, et sûrement
ailleurs, un garçon ne peut pas demander à voir une fille chez elle, ça
ne se fait pas. Il y a cette mentalité que je ne respecte pas toujours
et qui ne me plait pas. Une fille ne doit pas rester seule avec un
garçon quel qu'il soit, il n'y a pas vraiment de liberté là bas. Si on
voit une fille avec un garçon dans la rue, les gens parlent, se font des
idées et tout ça fait le tour du village par le bouche à oreille. C'est
la réputation de la fille qui est en jeu.
Je n'oublierai jamais cet été inoubliable que j'ai passé avec lui.
Malgré tout, il me reste à parler à mon prétendant. Je ne sais pas
comment lui dire. Comment vas-t-il réagir ?
Si sa mère l'apprend, elle le dira sûrement à mon père. J'ai peur. A
chaque fois qu'un problème se résout, un autre se pose. Je crains la
réaction de mes parents, surtout celle de ma mère car elle a toujours du
mal à comprendre les choses qui sont contre ses volontés. Mon père,
quant à lui, il a toujours des arguments alors que moi je ne suis pas
très douée pour cela. Je me demande encore comment me sortir de cette
situation.
Parler, c'est bien mais arrivée en face de mes parents je n'aurai plus
rien à dire. L'an dernier, j'ai cherché la facilité mais ce n'est pas du
tout ce qu'il faut faire. Il faut que je les affronte tous qu'elle qu'en
soit les conséquences.
maryama76@hotmail.fr
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