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Se libérer de l'inconfort physique

Chapitre 1

Sous-chapitre A

   

L’illusion du futur

Lorsque nous vivons des problèmes de santé ou toute autre situation, notre première réaction est celle de chercher une solution intéressante et intelligente qui pourrait nous débarrasser de cet inconfort. Nous demandons des conseils, nous achetons des livres, nous allons voir des spécialistes ou experts et nous sommes attentifs à tout ce qui pourrait apporter des informations utiles afin de se libérer de cet inconfort. Ce processus est celui du désir sans se rendre compte de ce que nous faisons en cet instant. Mais sommes-nous conscients de notre réaction et sommes-nous conscients de cette recherche extérieure, qui nous espérons, pourrait faciliter notre vie ?

D’autre part, nous sommes également influencés par les images ou annonces véhiculées par les médias, informant avec des preuves de connaisseurs, quels moyens ou solutions nous devrions adopter afin de créer une image selon les conditions, les obligations et les niveaux de « respectabilité » provenant de notre environnement.

Les spécialistes, les auteurs, les politiciens, les publicistes, les professionnels de la santé ainsi que toute autre source que nous croyons digne de confiance, sont concentrés à prouver que leur méthode, moyen ou idée est la meilleure pour solutionner les problèmes, ainsi ils se font compétition entre eux et créent des contradictions et des argumentations dans les relations. Cependant, très peu de gens sont conscients de prendre soin véritablement du problème et de celui qui le vit, au contraire, l’intérêt est sur la méthode, la solution ou le système et non sur celui qui vit cet inconfort. Ainsi les idées ou croyances sont devenues plus importantes que l’être humain, alors nous cultivons l’intellect de plus en plus sans s’apercevoir qu’il nous rend insensibles et compliqués au lieu de vivre tout simplement.

Nous pouvons voir en toute objectivité le fait que nous soyons tellement impatients de savoir comment faire pour être en bonne santé ou tout autre idéal, que nous n’observons même pas ce que nous pensons, faisons et sentons à chaque instant. Nous voulons trouver le moyen le plus efficace et le plus rapide pour arriver à une fin, mais nous passons par le chemin le plus ardu et le plus difficile, soit celui de chercher une solution selon les autres. Dites-moi comment faire, je vous en prie dites-moi comment et je vais l’essayer pour voir si ça marche. En vérité, nous cherchons constamment des stimulants extérieurs qui nous promettent des sensations agréables et par conséquent, provoquer une réaction de la pensée pour nous faire agir. Mais le stimulant est-il différent de celui qui pense et agit ?

Je suis conscient que vous lisez ce livre afin de trouver un stimulant nouveau pour votre désir de santé, par contre la véritable motivation n’est pas séparée de l’agissant et c’est tout ce qui importe actuellement pour se rencontrer par l’intermédiaire de ce livre.

Nous entendons beaucoup de mots et de définitions sur l’importance d’être motivé afin d’accomplir quelque chose et il est probable que le mot « motivation » tel que nous le définissons ne soit pas la véritable énergie nécessaire pour vivre joyeusement, paisiblement et favorablement selon nos choix. Donc, si nous ne prenons pas conscience par nous-même et en toute liberté ce que la motivation est au juste, nous pourrions être prisonniers des croyances des autres et en observant attentivement ce qui se passe dans notre monde, manifestement il y a quelque chose qui nous échappe. Présentement avec toutes les définitions provenant des spécialistes et experts, pourquoi n’avons-nous pas le désir et la motivation de prendre soin de notre bien-être qu’il soit physique ou mental ?

Depuis notre enfance et jusqu’à aujourd’hui, nous recevons comme information, des définitions de ce qu’est la motivation et des images de sensations agréables ou désagréables, alors nous sommes conditionnés à suivre des modèles, des cadres particuliers, afin de se soumettre à l’autorité ou se soumettre à la pression de l’environnement. Demandons-nous à la place, si au lieu d’accepter les choses selon des idéologies de ceux qui sont habiles par la parole, les images et les explications, nous ne les abordions pas directement par la compréhension de ce que la motivation est et n’est pas, et peut-être ainsi provoquer en nous une libération de cette énergie si essentielle pour agir ?

Cependant, nous avons été éduqués à ne pas poser de questions à ceux qui connaissent pour ne pas porter atteinte à leur autorité, car chercher à comprendre la vérité donne une sensation désagréable aux gens qui se croient supérieur aux autres. Ainsi, parce qu’ils ont eux-mêmes été conditionnés à fuir la vérité de leurs sentiments, ils affirment presque instantanément que nous ne leur faisons pas confiance ou qu’ils ont plus d’expérience que nous ou de scolarité. En vérité, ils désirent inconsciemment nous faire sentir coupable ou nous faire peur pour protéger leur petit ego d’un sentiment inconfortable qu’ils ont eux-mêmes créé. Mais qu’en est-il de nous ? S’ils ont été conditionnés à fuir la vérité, sommes-nous du même environnement qu’eux ?

Pour débuter, il me semble important de comprendre ce qu’est la motivation véritable et non de définir selon des idéaux, ce que la motivation devrait être. Tout au long de ce livre je choisirai souvent une approche « négative » pour faire entrer en existence quelque chose de neuf afin de vous laisser l’entière liberté de penser et ainsi créer une conscience véritable et non un conditionnement ou habitude inconsciente. Peut-être qu’il serait un peu ardu au départ de comprendre cette façon d’être, mais lorsque vous prendrez conscience de cette approche, vous verrez ce que la liberté de choisir est et non ce qu’elle devrait être. C’est la vérité qui libère et non l’effort que nous faisons pour nous libérer.

Demandons-nous, peut-être pour la première fois, ce qu’est la motivation ? Est-ce une fin ou un début ? Est-ce un but, un rêve, un idéal ? Est-ce une énergie, une sensation ou une raison ? Est-ce un objet ou une personne ? Est-ce une intention ou un désir ? Est-ce un sentiment ou une possession ? Pouvons-nous regarder toutes les confusions et contradictions concernant ce mot ? La confusion tient au fait que nous cherchons à définir la motivation, au lieu de définir aussi ce que la motivation n’est pas. Que signifie exactement le fait d’affirmer que nous sommes motivés ? Est-ce quelque chose de temporaire ou de permanent ?

Pour la plupart d’entre-nous, la motivation est un motif d’action en vue de réaliser une fin qui pourrait nous apporter une sensation agréable ou sécurisante, donc le motif est une fin illusoire dans le temps futur. Ainsi, si nous visons un idéal de forme physique ou d’apparence, alors nous avons une référence en image ou en objet que nous cherchons à obtenir, à posséder ou à réaliser afin de prouver un quelconque bonheur ou bien-être. Donc nous projetons cette image, ce rêve, vers le futur et croyons que l’effort, la discipline ou la force, vont pouvoir nous le procurer. N’est-ce pas ainsi que nous fonctionnons ? Je vous en prie ne croyez pas ce qui est écrit ici, mais observez votre vie pour vous en rendre compte.

Est-ce possible que la motivation soit étroitement liée avec la durée, avec le temps ? Mais avant d’affirmer quoi que ce soit, nous devons comprendre ce que le futur, le présent et le passé sont pour véritablement explorer en profondeur la motivation et par le fait même, créer en toute liberté de choix afin d’être bien d’instant en instant au lieu de lutter constamment à réaliser des futurs de ce que nous désirons être, faire ou avoir.

Nous évitons de comprendre le présent en fuyant vers un idéal de l’avenir et pourtant c’est avec cet esprit apeuré que nous créons notre avenir. Nous cherchons à accumuler des connaissances sur la solution qui nous apportera notre rêve au lieu de comprendre ce que nous vivons, ce que nous sommes actuellement, alors ce n’est pas la vérité qui est, mais l’illusion de ce qui devrait être selon des idéaux déjà définis. Il n’y a pas de bonheur véritable, mais seulement un objet ou une forme obtenue qui apporte une certaine sécurité ou plaisir qui nous fait croire au bonheur. Ainsi nous accumulons des objets et des biens pour compenser ce vide intérieur et se perdre à jamais dans les illusions que nous avons construites. Ce qui nous intéresse n’est pas une illusion ou une croyance pour prouver notre bien-être, mais un bien-être véritable à chaque instant. Être et paraître sont deux choses différentes.

Mais que se passe-t-il pendant ces poursuites vers un but futur lorsque des situations inconfortables ou des conditions difficiles nous empêchent de continuer ? Certes, il y en aura, par contre pour nous permettre de continuer, nous aurons recours à des efforts, des luttes, des disciplines supplémentaires pour ne pas mettre fin au but ou rêve désiré et ceux qui réussissent vont expliquer que c’est le seul moyen pour avoir du succès et ainsi montrer une image de supériorité et de gloire devant les hommes.

Faire quelque chose par discipline et faire quelque chose par amour ne sont pas la même chose et si nous pouvions avoir le choix entre les deux, que déciderions-nous ? Si nous avons été conditionnés à croire que la solution idéale pour réaliser un but ou un rêve est obtenu par la discipline, le travail épuisant, la lutte et les efforts, alors notre réaction inconsciente est celle de suivre ce cadre ou ce modèle de comportement. Il est essentiel de comprendre nos préjugés et nos croyances avant d’affirmer que notre esprit est ouvert.

Une des plus fortes croyances est celle de l’effort, la lutte, la discipline, la force, la résistance, la persévérance, l’accumulation de connaissance et le travail afin de réaliser un rêve. Cette croyance provient d’esprits totalement ignorants et inconscients d’eux-mêmes. Quand nous ne sommes pas conscients de notre nature, de ce que nous sommes, nous faisons des choses contre nature et par conséquent, nous créons des habitudes inconscientes et des croyances profondes pour protéger notre ego au lieu de comprendre les faits actuels et se libérer des préjugés, des opinions, des théories afin d’avoir raison et donner tort aux autres ou se venger pour ainsi affirmer notre puissance sur eux engendrée par la peur d’être rien du tout.

Est-ce que les animaux font des efforts et des luttes pour arriver à être en santé ? La différence est qu’ils ne peuvent pas communiquer ensemble par la parole et ainsi inventer des croyances et des peurs comme nous le faisons afin de manipuler les autres par la culpabilité. Notre pensée est un amas de mémoire de mots et de sensations rien de plus. C’est lorsque notre pensée ne crée pas, qu’il y a véritable création.

L’objet de notre rencontre n’est pas une fuite ou une échappatoire en vue d’être en santé, certes nous avons à utiliser le désir comme énergie de transformation, par contre, notre désir prend naissance selon deux choix possibles et ils sont les deux polarités existantes dans ce monde relatif. Les deux choix sont l’amour (le présent) ou la peur (fuir le présent), mais le véritable amour n’est pas ce que nous vivons sur cette planète en ce moment, car si c’était le cas nous n’aurions pas de guerre, de compétition, de tuerie, de conflits et toutes sortes d’avidités ou d’égoïsmes. La peur est l’énergie qui engendre la plupart de nos désirs et nous n’en sommes pas conscients, voilà pourquoi nous cherchons à devenir meilleur ou plus ou différents. En vérité, nous fuyons une personne que nous n’aimons pas et n’acceptons pas en cherchant un moyen pour nous accomplir, nous réaliser ou devenir. Nous désirons être meilleurs, être aimés, riches, en santé, puissants, respectés, avoir du succès, avoir du bonheur et tout ce que l’environnement déclare de positif, mais ces recherches sont en fait des jugements de valeur sur ce que nous sommes à l’instant.

Si je suis malade ou obèse et que je cherche une solution afin d’être en santé et en forme, je juge inconsciemment ce que je suis actuellement par le fait de vouloir ou désirer être. Je ne dis pas de ne pas être en santé ou en forme, mais de comprendre ce qui « est » avant tout, de comprendre la maladie ou l’obésité, de chercher le plus d’information sur ce qui est et non sur ce qui devrait être. L’amour est une conscience de maintenant et non une construction, une illusion de l’avenir au moyen de la pensée.

Cependant, il n’y a pas de bien ou de mal entre la peur ou l’amour, mais ils sont ce qui est. Il n’y a pas de limite ou de fin également dans la peur ou l’amour, soit que nous évoluons lentement ou rapidement en conscience.

Notre futur est-il si important au point de sacrifier le moment présent ? Arrêtons-nous ici et demandons-nous en toute honnêteté, si gaspiller notre vie à anticiper l’avenir va nous permettre de vivre heureux et en santé à chaque instant ? Avez-vous remarquez lorsque nous accomplissons un but désiré, nous vivons une sensation agréable mais de très courte durée ? Nous ne sommes jamais satisfaits de nous et alors nous repartons vers un autre but qui nous espérons va nous procurer une sensation plus forte que la précédente. En fait, tout notre temps, notre vie, est consacré à lutter pour arriver à nos sensations et ce sont ces luttes qui causent la souffrance.

Par exemple, si nous voulons perdre vingt-cinq kilogrammes en six mois, alors notre motivation est une fin projetée vers le futur. Cependant, nous sommes concentrés sur cette fin au lieu d’être attentif à ce qui est à chaque moment présent et vivre notre vie. Nous luttons six mois et sommes bien quelques instants quand le résultat est obtenu. Mais c’est lorsque nous atteignons notre objectif que les véritables problèmes commencent, car si notre motivation était une fin, comment allons-nous demeurer motiver une fois cette fin, cette sensation obtenue ?

Ainsi, notre vie est faite de très petits moments de bonheur et presque la totalité en souffrances et en luttes. Pour ne pas souffrir, nous avons adopté une autre échappatoire, soit celle de chercher la sécurité et la stabilité en dominant tous nos désirs. La sécurité est-elle la vie ou la mort ?

Pouvons-nous comprendre sans juger, que le plaisir et la souffrance sont liés ensemble ? La joie, la santé, l’amour, la liberté et la paix ne sont pas quelque chose d’atteignable par la lutte et l’effort vers un futur imaginé, mais entrent en existence quand la compréhension de ce qui est, de ce que nous vivons d’instant en instant, est acceptée sans jugement. Il n’y a pas de dualité ou de contraire dans ces états d’être, seul notre esprit ignorant cherche à créer des contradictions.

Viser un but ou un rêve sans comprendre le réseau d’artifices que l’esprit invente pour se sauver de l’instant présent vers un futur illusoire va continuellement créer des attentes et des attachements qui causeront toutes sortes de sentiments inconfortables en nous et envers les autres. Jamais nous observons ce mouvement d’évasion vers un futur rêvé, vers un corps en santé et en forme, alors nous oublions le présent pour vivre continuellement dans des idéologies futuristes.

Prendre soin de nous, c’est comprendre ce qui est et non le fuir en cherchant ou en imaginant ce qui devrait être. L’illusion de ce qui devrait être n’est pas la vérité, mais l’ego ou ce que nous croyons être.


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