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Se libérer de l'inconfort physique

 

Chapitre 1
Sous-chapitre C

La sécurité du passé

Il est essentiel à mon avis, de ne pas juger ou justifier le passé si nous voulons comprendre ce qu’il pourrait nous apporter ou révéler comme information sur ce qui engendre et crée la motivation, car c’est justement sur lui que nos valeurs profondes sont construites. Le juger c’est se juger soi-même. En somme, la première question n’est pas pourquoi nous vivons dans le passé, mais qu’est-ce que le passé ? Comprendre notre passé demande beaucoup de simplicité, car le passé n’est-il pas une accumulation de croyances, de traditions, coutumes, expériences et habitudes complexes que nous ayons fait pour fuir le présent, fuir l’inconfortable ou le neuf ?

Si nous cherchons constamment à créer des habitudes, des croyances, n’est-ce pas une recherche de sécurité afin de se protéger des sentiments inconfortables que nous avons été conditionnés à ne pas respecter, à ne pas comprendre et s’en libérer ? Ainsi nous cherchons à nous enfermer, nous protéger inconsciemment pour ne pas se sentir mal lorsque les jugements des autres ou de soi-même provoquent des ressentiments. Comme solution, nous sommes venus à rechercher la sécurité dans des croyances selon ceux qui nous promettaient une vie satisfaisante et sécurisante en autant que nous adoptions et approuvions leurs idées ou moyens.

Cependant, comprendre ce qu’est le jugement pourrait permettre cette libération de nos ressentiments et non chercher à analyser toutes les situations et les provocations passées afin de voir si nous avons été jugés. Il est évident que nous avons été jugés sans exception quotidiennement et constamment par les autres ou par nous-même. De plus nous avons des systèmes judiciaires structurés pour pouvoir nous punir par la force après un jugement. Il est important pour nous de ne pas juger ceux qui jugent, mais de comprendre qu’ils ne comprennent pas, ne sont pas conscients de ce qu’est l’injustice.

Le passé est passé, par contre il nous informe de ce que nous pourrions avoir emmagasiné en nous sans s’en rendre compte. Comprendre que nous n’étions pas conscients est déjà une transformation de la conscience. Nous ne pouvons pas changer le passé, mais ceci nous fait croire que nous sommes ainsi fait et condamnés à demeurer avec ce passé en nous.

Comment sommes-nous venus à croire que le passé est le présent ? N’avons-nous pas été éduqués à plaire ou à faire bonne impression sur les autres pour ne pas être jugés par eux ? N’avons-nous pas cherché à accumuler des connaissances du passé provenant des autres ? N’avons-nous pas obéi aux ordres des autres ? N’avons-nous pas choisi en fonction des autres ? Sommes-nous conscients que notre vie est celle de ce que les autres nous ont dit qu’elle devrait être ? Comment être motivé véritablement quand ce que nous choisissons inconsciemment est pour satisfaire ce que les autres désirent de nous ? Rappelons-nous les quelques fois que nous débordions d’envie pour faire quelque chose et se faire dire de ne pas le faire ? Donc, si nous avons été obligés en étant jeune à faire quelque chose pour la satisfaction et le plaisir des autres en espérant recevoir de l’amour et de l’attention, alors nous avons créé une habitude de vivre selon les attentes des autres et se faire punir si elles ne convenaient pas aux normes de « respectabilité » ou à leurs croyances passées.

En vérité, le jugement est une réaction engendrée par la peur de quelqu’un qui cherche inconsciemment à nous obliger par la force, la menace ou la culpabilité à faire quelque chose contre notre volonté dans le but de satisfaire ses propres désirs égocentriques en premier sans se soucier du bien être de ceux qu’il manipule. Nous observons un fait très simple, que ceux qui parlent de liberté ou de justice, sont ceux qui obligent les autres à se soumettre à leurs lois, leurs règles et leurs désirs en vue de devenir libre ou juste, donc une poursuite illusoire. Les écouter équivaut à vivre dans l’esclavage et ainsi attendre un ordre d’eux pour agir afin de satisfaire leurs besoins même s’ils promettent et disent que c’est aussi pour nous. Cependant, je ne m’interpose pas dans les choix des gens, s’ils veulent vivre ainsi, c’est leur décision. La mienne est de communiquer ce qui est afin que nous puissions avoir toute l’information pour pouvoir choisir librement pour soi-même et notre bien-être.

Comment pouvons-nous être constamment motiver quand nous avons besoins de l’accord des autres pour accomplir quelque chose ? L’important n’est-il pas de voir ce point de vue sans le juger ? Si nous n’avons pas besoin de l’approbation de quelqu’un, sommes-nous libre et l’autre libre des attentes que nous cherchons à obtenir au moyen d’échanges ou de manipulations ? Et si nous sommes libérés des attentes, pouvons-nous obliger et contrôler les autres à satisfaire nos désirs ? Se libérer des besoins fait entrer en existence la liberté et ainsi à l’amour de s’exprimer entre nous.

Actuellement nous vivons de certitudes et croyons que la vérité est une accumulation de connaissances et d’expériences qui sont des convictions passées. Je ne parle pas de connaissances techniques en ce moment, mais de connaissances relationnelles avec les gens, les idées et les choses. Nous aimons nous complaire dans nos certitudes, car elles nous apportent la sécurité émotionnelle ou la peur de vivre autre chose de ce qui a été. Nous croyons que le changement de conditions extérieures est l’indication de notre évolution, mais en vérité ceci nous hypnotise complètement au point d’oublier nos vérités, nos sentiments à chaque instant.

Vivre dans la sécurité c’est vivre sans créer du neuf et sans éprouver en sentiment qui nous sommes vraiment. Nous avons peur de vivre des sentiments inconfortables et pourtant nous souffrons intérieurement par ce désir, cette recherche de sécurité, par conséquent nous recréons nos sentiments inconfortables provenant de nos choix inconscients de sécurité. Se libérer de l’inconfort physique n’est pas par une recherche de confort ou de sécurité, mais par la compréhension de l’inconfort d’abord.

Chercher une solution sans comprendre ce qui « est » va apporter les mêmes souffrances dans nos vies. Les conditions extérieures peuvent changer, par contre le véritable changement est vécu en sentiment à l’intérieur de nous. Fuir nos sentiments inconfortables apporte simplement plus de force et d’emprise pour les faire exister et durer. C’est la conscience qui agit et non agir sur la conscience ou la cause véritable. La motivation ne se provoque pas par la pensée contrôlée, mais est libérée sans effort et sans domination au moyen de ce que nous aimons en ce moment, soit le choix entre ce qui est et ce qui est neuf.

Nous croyons qu’en se débarrassant de nos sentiments inconfortables au moyen de solutions réconfortantes est ce qui fonctionne, toutefois nous ne sommes pas conscients que ces décisions nous les avons choisies des milliers fois par le passé sans véritablement se débarrasser de l’inconfort. Nous continuons à les revivre et cherchons la sécurité avec encore plus d’énergie. Finalement, lorsque les efforts et les luttes n’y parviennent pas, nous abdiquons et affirmons que la vie est ainsi faite. Ceux qui réussissent à changer les conditions par la force et la discipline, vont nous prouver combien ils sont importants et combien ils réussissent ou ont du succès. En vérité, ils sont prisonniers des mêmes souffrances, car ils ont créé des sensations agréables de puissance ou de gloire et non des sentiments véritables. Pour eux, ils croient avoir raison, par contre ce n’est pas l’amour d’eux-mêmes qui s’exprime, mais la recherche de se faire aimer, soit l’image d’une personne aimable ou l’ego engendré par la peur.

Les croyances sont des énergies illusoires très puissantes, mais elles sont fausses dans le sens qu’elles fuient le présent en ramenant ce qui est passé. Observons les croyances religieuses, politiques, professionnelles, familiales, sociales et même commerciales. Malgré toutes ces croyances, sommes-nous aimables et bienveillants les uns envers les autres ? Au contraire, les croyances divisent, séparent et isolent. Il est inutile et inapproprié de juger les croyances, mais les comprendre telles qu’elles sont.

Qu’est-ce qu’une croyance au juste ? N’est-ce pas une certitude passée ? Donc une crainte de voir quelque chose de différent en comparaison du passé connu dans lequel nous sommes confortables et en sécurité. Ainsi une croyance empêche l’évolution, car nous désirons demeurer dans le connu du passé que nous projetons vers l’avenir. Comment arrivons-nous à croire ? Croire n’est-il pas une façon de penser ?

Peu importe ce que nous croyons, il est essentiel si nous voulons comprendre quelque chose, de comprendre et rencontrer celui qui pense et prendre conscience de ce qu’est la pensée. Je me demande en toute honnêteté pourquoi la raison d’être de l’école n’est pas de faire prendre conscience aux enfants de ce qu’ils sont au lieu de chercher à les contrôler pour devenir ce que nous voudrions qu’ils soient au profit des gens qui dirigent les systèmes politiques et économiques.

Je conçois (je ne sais pas pour vous) que plus nous sommes attentifs à nous-mêmes, à ce que nous pensons, sentons et faisons, plus les efforts et les luttes disparaissent pour faire place à la véritable motivation pour faire quelque chose. Lorsque nous évoluons en conscience, nous sommes de plus en plus silencieux à ce que nous aimons et non à ce que nous devons aimer. Devoir aimer est en vérité un effort, une lutte pour arriver à des résultats que les autres nous ont conditionnés à croire, tandis qu’être attentif à soi n’est pas une lutte ou un effort, mais un amour d’instant en instant.

Nous observons le fait de croire en quelque chose ou quelqu’un, est le résultat de notre pensée à son égard. Plus notre pensée est façonnée par les habitudes inconscientes créées par les connaissances ou les expériences, plus la certitude de nos croyances l’est également. Ainsi, une croyance est simplement un résultat, une conséquence de la pensée et cette même croyance va en quelque sorte dominer notre pensée originale pour la rendre inflexible à toute nouvelle possibilité d’information. Ainsi, la pensée crée la croyance, qui à son tour influence inconsciemment la pensée. Nous observons alors, la nécessité de changer notre pensée, par contre que faisons-nous ? Nous cherchons des solutions de changement comme l’attitude positive, l’identification avec des gens ou nous cherchons à acquérir les connaissances des autres. En vérité, cette réaction est celle de fuir ce que nous sommes actuellement et c’est exactement ce que nous avons fait pour créer la pensée que nous voulons nous débarrasser. Pouvons-nous voir ensemble cette fausseté ?

Vouloir changer sa façon de penser va provoquer un autre conditionnement de la pensée, car nous passons d’un magasin à un autre afin de découvrir quelque chose d’agréable et non de prendre conscience de notre pensée telle qu’elle est. Inconsciemment nous recréons une autre croyance jusqu’à ce qu’elle ne nous apporte plus de sensation agréable et refaire encore une fois le même processus erroné.

Par ailleurs, s’observer en ayant l’intention de comprendre notre processus de pensée, notre arrière plan dans sa totalité pourrait faire entrer en existence quelque chose de neuf et d’inconnu, car nous avons compris ce passage, ce mouvement d’un magasin à un autre, d’une solution à une autre, est en vérité un processus d’un passé connu vers un autre connu, qui nous espérons pourrait nous apporter une sensation agréable ou sécurisante.

Pour pouvoir observer et comprendre notre processus de pensée, il nous faut mettre de coté nos croyances, car ils font obstacles à la compréhension de soi-même. Nous croyons que les croyances sont les valeurs véritables de notre vie, se peut-il que nos croyances soient en fait, la base de notre façon de penser et la base de notre manque de motivation véritable ? Avant d’affirmer quelque chose, nous allons observer si le vrai est vrai et le faux est faux.

Qu’est-ce que penser ? De toute évidence, penser est une activité de l’esprit et non un état d’être actuel que nous sentons. Ainsi, nous ne pouvons pas penser à ce qui est présent, mais à ce qui est passé ou à ce qui est futur. Donc, la pensée est le produit du temps, elle est une construction, une invention qu’elle s’est elle-même créée pour pouvoir se protéger de la vérité présente afin de croire en son existence, ce que l’ego est. Or, un produit est un résultat, une conséquence de quelque chose, une cause a créé, engendré cette pensée. Il peut être ici très complexe de comprendre le mouvement, mais en vérité il est très simple.

Demandons-nous ce que contient notre pensée, n’est-ce pas une certaine accumulation de choses passées en laquelle nous avons identifié ceci comme étant notre mémoire, notre archive ? Donc, nous croyons que plus nous accumulons des connaissances, des mots, plus nous pourrions avoir la sécurité nécessaire pour pouvoir solutionner nos problèmes et spécialement ceux des autres qui sont une réaction pour éviter de se comprendre avant tout. Pouvons-nous observer si la pensée et les mots ont créé un monde paisible, joyeux et bienveillant ? La pensée actuelle crée des croyances qui sont la cause de nos divisions, nos jalousies, nos guerres, nos disputes et nos conflits, elle ne pourra jamais créer autre chose si chacun de nous ne sommes pas conscients de se connaître et s’aimer avant tout.

Ainsi, la pensée est le résultat de l’accumulation de connaissances ou d’expériences provenant du passé des autres qui cherchent à nous transmettre de force ce qu’ils croient être la vérité au moyen de la peur et non provenant de nos propres expériences et sentiments d’être. Même nos propres expériences sont fausses dans la mesure ou nous n’avons pas choisi librement et en toute conscience ce que nous pensons.

L’expérience véritable n’est pas quelque chose que nous fassions régulièrement et de façon répétitive afin de produire un résultat physique. Actuellement, nous croyons que les expériences telles que nous les vivons sont la vérité et ainsi nous demandons conseil à ceux qui ont déjà passé par où nous voudrions passer pour obtenir les mêmes résultats. Toutefois, l’expérience d’un autre ne peut pas être répétée pour la simple raison que nous sommes différents mentalement et chacun de nous avons une évolution de la conscience également différente. Nous pouvons créer une similitude, par contre intérieurement il en est autrement.

Présentement nous expérimentons et exprimons la vie de façon superficielle et cherchons des sensations ou plaisirs afin de pouvoir fuir la vérité actuelle de notre sentiment inconfortable. Ainsi la presque totalité de nos expériences sont engendrées par la peur donc de notre inconscience ou ignorance et croyons que nous sommes libres de choisir. Cependant, la liberté n’est pas une fin ou un rêve imaginé selon des idéaux, mais un début de création dans une conscience pure et libérée des croyances.

Il est important d’accepter et de demeurer en relation avec nos croyances ou nos fausses certitudes qui nous protègent des sentiments inconfortables. S’en rendre compte est le début de la connaissance de soi. Ne pas comprendre ou l’ignorer c’est porter un jugement qui crée et recrée avec plus de vigueur ces mêmes croyances.

Vivre dans l’incertitude c’est vivre paisiblement à chaque instant sans chercher à fuir la vérité de ce qui est. Comment pouvons-nous affirmer que nous avons peur de l’incertitude ou de l’inconnu ? La peur n’est pas l’inconnu, mais la recherche d’un connu qui nous est refusé ou que nous ne soyons pas capables d’obtenir. Observons les enfants, ils n’ont presque pas de croyances en lesquelles s’accrochées, alors ce sont les adultes qui obligent les enfants à devenir comme eux au moyen de la peur, de la culpabilité et ainsi créer des croyances. Pour protéger ces croyances, nous avons recours à toute sorte de fausseté pour les conserver, par exemple nous disons que ce sont nos valeurs, en vérité ce ne sont pas des valeurs mais des croyances passées que nous voudrions voir durer pour l’éternité car nous sommes confortables avec elles. Ainsi, nous vivons le moment présent en utilisant comme valeur nos croyances passées qui se projètent dans le futur.

Nous croyons qu’aborder le présent avec nos connaissances accumulées du passé et nos expériences passées vont changer l’avenir ? Nous croyons et sommes convaincus que ceux qui ont beaucoup de connaissances et d’expériences peuvent changer l’avenir. En vérité, ce n’est pas une transformation mais un passé en lequel nous donnons comme nom, comme identification, le mot futur. Nous choisissons nos solutions en tenant compte inconsciemment des sensations que nous pourrions obtenir, donc ce n’est pas la vérité qui nous intéresse mais quelque chose d’agréable ou de sécurisant que nous connaissons déjà. Ainsi nous cherchons des moyens agréables au lieu de comprendre qu’une recherche de sensation apporte de la souffrance dans nos vies lorsque nous luttons pour l’acquérir ou lorsqu’elle nous est refusée. Nous sommes inconfortables et nous cachons, enterrons et évitons de comprendre ce sentiment par des recherchent de sensations, mais même par-dessus cet amas d’illusions, ce qui est, est toujours là.


Copyright © 2004, Les éditions Mélonic