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Se libérer de l'inconfort physique

 

Chapitre 1
Sous-chapitre D

L’invention du temps

 Nous avons observé ensemble le futur, le présent et le passé en tant qu’idée. Cette structure est tellement enterrée profondément dans nos croyances et dans les choses familières de la vie que jamais nous ne pourrions prétendre et affirmer qu’elle serait peut-être illusoire ou fausse. Qui pourrait croire que le temps n’existe pas et qu’en fait, il soit une illusion inventée par nos propres esprits confus ? Ici nous discutons du temps psychologique et non du temps sur les horloges, même si celui-ci est également une illusion, car en vérité le temps des calendriers est un autre mouvement concernant la position de notre planète dans l’espace par rapport à notre soleil. Cependant, notre intérêt est de comprendre ce qu’est la relation véritable du temps avec notre motivation.

Demandons-nous sérieusement si nous n’avons pas créé le temps comme solution pour fuir nos sentiments présents ? Observons-nous pour nous en rendre compte. Tout ce que nous faisons est engendré par la recherche d’une fin à accomplir ou à réaliser, alors est-ce une durée de temps ? Si nous ne faisons rien de nouveau, nous restons avec les vieilles choses du passé et cherchons à les faire revivre, est-ce aussi une notion de temps ?

Nous créons des inventions complexes pour fuir le moment présent qui nous est inconfortable ou pourrait être inconfortable, au lieu tout simplement de le comprendre et le voir tel qu’il est et non tel que nous voudrions qu’il soit ou tel qu’il a été. Nous ne sommes pas conscients que nous ayons créé ce sentiment inconfortable au moyen de nos croyances ou habitudes inconscientes de fuir le présent et alors nous jugeons, critiquons ou blâmons les autres ou les circonstances pour encore une fois, éviter de comprendre ce que nous sommes à chaque instant. Prendre conscience de ce point fait entrer en existence ce qui n’est pas par rapport à ce qui est actuellement, soit le fait que nous regardions avec nos croyances passées et nos anticipations futurs.

Se libérer de l’inconfort physique n’est pas de viser un idéal de santé ou d’apparence, mais une compréhension de ce que nous sommes maintenant. La suite ou la solution entre tout simplement sans effort lorsque le connu est compris. Quel est notre état d’être maintenant ? Sommes-nous malades ou sommes-nous en santé ? Attendons-nous d’être malade pour commencer à prendre soin de soi-même ? Avons-nous baissé les bras d’impuissance à force de se discipliner et de s’efforcer à être en santé ? Sommes-nous fatigués de recommencer une autre solution qui pourrait encore produire les mêmes résultats ?

Quoi que nous fassions, il n’y a pas de véritable énergie dans une croyance passée ou un rêve futur, car dans les deux cas, il y a une échappatoire pour fuir le présent. Nous n’avons pas ou ne sommes pas conscients de cette impulsion naturelle à chaque instant, car nous avons des périodes de motivation courtes selon les circonstances nous entourant, alors ceci est un fait qu’actuellement nous ne comprenons pas la construction illusoire du temps et manquons d’énergie ou de motivation.

Le temps n’arrangera rien pour nous, de même que nos croyances et les mots que nous affirmons. Quand nous avons envie de faire quelque chose qui nous intéresse, c’est maintenant sans en parler, par contre, lorsque l’esprit se met à penser, il construit le temps et nous hésitons et doutons de nous-mêmes jusqu’à renoncer à ce que nous avons envie de faire.

De quelle façon sommes-nous arrivés à réagir ainsi ? De ceux qui nous ont enseignés depuis notre naissance, soient les gens proches de nous. Nous avons inconsciemment adopté leurs croyances et traditions au moyen de la peur qu’ils nous ont transmise et ceci a permis d’inventer le temps pour fuir ces moments désagréables et inconfortables tout comme eux ont fait de génération en génération.

Désirer être bien physiquement ou mentalement est une idée rien de plus, cependant pouvons-nous observer avec cette idée, le fait véritable de notre état d’être actuel ? Si nous ne sommes pas conscients de notre état d’être, nous ne pourrions pas utiliser la véritable énergie qui existe maintenant à chaque instant, qui est inépuisable et éternel. Si nous réagissons en vue d’atteindre un but, un rêve ou un objectif, qui sont des idées, alors nous utilisons une énergie passagère que notre esprit a créée et une fois le but atteint avec discipline, effort et domination, nous retombons dans la même vie morne et routinière.

Ce premier chapitre sur la motivation est à mon avis celui qui permet de prendre conscience de notre esprit compliqué, mais parce que nos esprits sont déjà compliqués, il se peut que ce chapitre soit ardu et difficile à comprendre vu sa simplicité !

Nos esprits sont confus et craintifs lorsqu’il y a rencontre avec ce qui est présent et pourtant nous rendons un culte sur l’accumulation de connaissance et de mémoire qui font obstacles à la compréhension du moment en créant des croyances inflexibles à toutes nouvelles provocations ou problèmes de la vie. Ainsi nous glorifions les ignorants et les gens confus tout en cherchant à les imiter. Notre monde est dans la confusion parce que nous avons suivi et suivons des gens confus et ignorants de se connaître. Quelle est cette poursuite inlassable et féroce de vouloir posséder de plus en plus de connaissance académique ? Est-ce une peur de vivre quelque chose d’inconfortable si nous affirmons que nous ne savons pas ? Si je sais, en vérité je ne sais pas, car le savoir n’est-il pas quelque chose du passé donc des croyances dans lesquelles je suis confortable ? Comment pouvons-nous savoir ce que le présent est ? Voilà pourquoi nous accumulons des connaissances afin de fuir le présent qui est inconnu et neuf. Nos accumulations de mémoires et de connaissances nous protègent de cet inconfort n’est-ce pas ? Ainsi, nous croyons vivre, mais ce n’est que le passé que nous cherchons à reproduire pour ne pas être inconfortable ou ne pas nous connaître. Accumuler des connaissances demande du temps, par contre, comprendre c’est maintenant.

Le présent est une surprise, un cadeau de tous les instants en ne sachant pas ce que nous recevons de la vie, mais en étant conscient que les cadeaux sont des surprises nouvelles que nous ne nous attendions pas, donc quelque chose d’inconnu. Observons combien joyeux nous sommes lorsque nous recevons une surprise, cependant si nous jugeons le cadeau reçu ou si nous avons des attentes de ce qu’il sera, en réalité il n’y a pas de joie mais un sentiment inconfortable en nous que nous avons créé par notre état d’être de l’instant présent, soit une croyance passée ou une anticipation future. Comprendre ce qu’est le passé et l’avenir apporte une nouvelle conscience de ce que le présent est sans chercher une fin connue, car nous savons que la joie constante est ce qui est neuf et inconnu de notre esprit. Ainsi, accumuler des connaissances est une solution inconsciente pour se protéger à l’avance des sentiments inconfortables qui pourraient être vécus dans un moment présent donc une construction idéalisée pour fuir ce qui est.

Regardons maintenant le processus illusoire que nous utilisons afin d’arriver à changer quelque chose pour le mieux en croyant que le temps va arranger les choses pour devenir confortable. Nous pratiquons, luttons, s’efforçons et travaillons dans le but d’être bien en disant que dans un jour, un mois, six mois où un an nous récolterons ce que nous voulions. Cependant, quel est notre état d’être durant la période comprise entre le début et la fin recherchée ? Si je suis confus et que je désire être non confus dans six mois, quand exactement mon esprit devient non confus ? Dans cinq mois et trente jours je suis confus et le lendemain je ne le suis plus ? Comment un esprit confus peut-il devenir non confus ? Nous pouvons accumuler des connaissances ou de la mémoire sur la non-confusion, mais ce sont des mots rien de plus, alors est-ce que des mots et des définitions peuvent transformer quelque chose ? Pouvons-nous observer et comprendre le faux de ce processus de devenir ?

Nous observons le mouvement de notre esprit qui crée deux entités séparées, soit l’inférieure et celle supérieure étant le processus de devenir meilleur. En vérité, c’est ce mouvement lui-même qui est souffrance, douleur, lutte et discipline en contredisant ou refusant de voir ce qui est actuellement.

Lorsque nous sommes malades ou obèses, nous croyons en l’existence de ces deux entités séparées, il y a moi et la maladie ou il y a moi et l’obésité, ainsi nous inventons une illusion que nous nommons la santé ou l’apparence afin de s’échapper, fuir, de ce que nous sommes actuellement, car nous l’avons déjà identifié d’inférieur, en fait nous ne respectons pas et nous n’aimons pas celui ou celle qui a créé ce sentiment présent. Par contre, pouvons-nous observer qu’il n’y a pas deux entités séparées, mais une seule, soit la maladie ou l’obésité ? Ainsi, comprendre ce qui est, c’est d’être relié avec ce qui est afin de recevoir le plus d’information sur ce qui est.

Je ne dis pas de demeurer malade ou obèse, ce que je me demande, ce que nous nous demandons, est-ce possible pour nous de comprendre ce mouvement, ce processus erroné, que notre esprit habile, conditionnée et rusé fait pour fuir et éviter la vérité présente ?

Il est essentiel que nous soyons conscients de ce qui est, de ce qu’est la vérité actuelle en premier pour faire entrer en existence quelque chose de nouveau pour ensuite choisir librement ce que nous désirons et non de fixer un but, un rêve sans comprendre ce qui pourrait engendre cette poursuite. Est-ce pour fuir un sentiment inconfortable ou est-ce pour comprendre d’abord et choisir nos sentiments ? Si nous sommes conscients de notre fuite, nous évoluons dans la conscience et c’est tout ce qu’il est possible de choisir en cet instant. C’est quand l’esprit ne crée pas qu’il y a véritable création.

Notre défi actuellement est de comprendre ce qu’est la peur, le désir et la culpabilité pour pouvoir faire entrer en existence quelque chose de neuf ou d’inconnu et non chercher à se débarrasser de ces énergies illusoires. La liberté n’est pas quelque chose à acquérir, mais est l’ex-pression de ce qui est maintenant sans jugement. Prendre de plus en plus conscience de nos sentiments nous permet de bien vivre, cependant cette conscience ne peut entrer en nous en la cherchant par des fuites, des moyens ou des solutions selon des experts, des professeurs, des maîtres, etc., elle entre quand nous comprenons et voyons par nous-même ce qu’est le processus véritable entre choisir l’amour de ce qui est ou la peur de ce qui devrait être ou a été.

Il est impossible d’être inconfortable en relation avec les gens, les choses et les idées quand nous avons l’intention de comprendre, cependant c’est à nous de le vivre et non d’accumuler des connaissances et croire que nous savons.

La motivation véritable est simplement la compréhension de voir et d’accepter les choses telles qu’elles sont actuellement et non d’imaginer, analyser, penser, croire ou réfléchir sur ce qui a été ou ce qui devrait être. Lorsque nous sommes conscients que les activités de notre esprit sont des distractions, alors notre esprit est immobile, silencieux et la liberté ou l’amour de faire entre en existence sans effort. L’énergie utilisée est sans fin, car nous savons sans aucun doute, que c’est notre nature donc pour notre plus grand bien.

Comprendre ce qu’est la motivation, c’est observer ce que nous sommes et non ce que nous devons être. Lorsque nous disons « je dois être mince », « je dois être en forme », « je dois être en bonne santé », « je dois devenir plus actif », notre action est basée sur une idée, une croyance illusoire qui n’est pas en ce moment présente et non sur la vérité du moment. Ainsi, il y a une séparation, une coupure entre l’idée et l’action, entre ce qui est et ce qui devrait être. C’est bien cela que nous faisons n’est-ce pas ?

Nous croyons fermement à notre idée et alors nous cherchons une réponse, une solution, il doit y avoir un exemple à suivre. Nous luttons, bataillons, travaillons pour devenir cette idée, mais jamais nous disons « je suis malade », « je suis obèse », « je suis inerte et inactif », jamais nous observons la vérité. Pouvons-nous demeurer avec ce qui est ? Lorsque je me reconnais malade, obèse ou n’importe quel état d’être actuel, qu’arrive t’il ? Lorsque je suis pleinement conscient de ce qui est et non de ce qui devrait être ou a été, ne suis-je pas automatiquement libre d’agir sans jugement et sans obligation ?

Mais si j’ai comme idéal que je devrais être en santé ou en bonne forme, il arrive très souvent que je le remette à demain ou que je le pratique superficiellement. L’action basée sur une idée n’est pas véritable, elle est l’obstacle à la vérité et ne peut donc pas engendrer la liberté.

Nous ne pouvons pas chercher la « lumière » Il y aura de la lumière lorsqu’il n’y aura pas d’obscurité en nous. Et nous ne pouvons pas, au moyen de l’obscurité, trouver la lumière. L’esprit vit dans le passé et il utilise le présent pour se protéger et se prolonger dans l’avenir. Notre problème n’est donc pas la recherche du confort physique ou de la santé, mais la compréhension du processus de notre pensée qui crée les conditions actuelles de notre existence, soit ce qui est connu.

Il en est de même concernant la motivation, il y aura motivation véritable lorsque le processus de la pensée, qui crée ce manque d’énergie, sera connu et comprendre l’invention du temps est la clef qui ouvrira la porte que nous avons barrée.


Copyright © 2004, Les éditions Mélonic