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Se libérer de l'inconfort physique

 

Chapitre 6
Sous-chapitre A

Le culte du savoir

Pour plusieurs d’entre-nous, le fait d’expérimenter quelque chose ou le fait d’accumuler des connaissances dans un domaine particulier, nous apporte une sensation agréable de puissance. Nous aimons nous complaire à prouver notre point de vue, avoir raison, en relation avec ceux qui n’ont pas ou ne savent pas ce que nous connaissons. En vérité, nous créons directement des conflits et des problèmes pour tenter de se comparer avec les autres afin de prouver que nous sommes meilleurs qu’eux. Seul un esprit confus et ignorant réagit ainsi.

Nous avons créé une image de soi du passé, une croyance que nous avons réussi, et nous voudrions la voir durer éternellement, car nous sommes en sécurité avec cette image. Cependant, nous ne sommes pas conscients que notre pensée cherche une fois encore à fuir le présent au moyen du passé et du futur. Les conflits avec les autres sont inévitables dans la mesure ou nous cherchons à changer les gens selon nos valeurs ou croyances de notre passé.

Une de ces valeurs fausses est de transférer le plus de connaissance aux autres au moyen de la propagande des mots en affirmant avec des preuves à l’appui, un seul point de vue en particulier. Sans s’en rendre compte, nous faisons ainsi revivre les faits passés avec encore plus de pouvoir sur les autres. Le savoir n’est pas utile lorsque l’application pratique n’est pas expérimentée librement par l’individu.

L’essentiel n’est pas d’ordonner ou d’affirmer aux autres ce qu’ils doivent faire pour eux selon nos connaissances, mais d’informer les autres de nos propres expériences ainsi que les sentiments que nous avons sentis concernant nos choix. Alors nous laissons en eux une semence d’information, qui est une conscience de la liberté d’être, de faire et d’avoir ce qu’ils ont envie sans argumenter, dicter ou juger leur choix. Je ne sais pas vraiment si vous saisissez ce point de vue.

Vous dire par exemple de manger tel aliment ou de faire tel exercice pour être en santé, empêche véritablement de prendre conscience de votre pouvoir créateur. La liberté d’être n’est pas exprimer selon votre choix ou votre envie personnelle, mais selon une idée extérieure à vous qui pourrait créer un sentiment inconfortable si vous ne la fassiez pas ou ne l’acceptiez pas. Tout au long de ce livre, je vous ai donné de l’information de ce qui est ou de ce qui n’est pas actuellement pour ne jamais vous enlever votre pouvoir de penser par vous-mêmes créant ainsi une différente prise de conscience en vous concernant le bien-être physique. Ce que je pense de vous n’a aucune importance, mais ce qui m’importe est ce que vous penser de vous sans vous juger.

Donner des solutions pour votre santé n’apporte pas le bien-être total, car je garde le pouvoir ou le savoir sur vous si vous adoptiez ma solution et que vous la mettiez en pratique. Cette façon de penser ou de faire crée des sensations agréables ou désagréables au lieu de sentiments véritables. Alors, jamais nous pourrions sentir qui nous sommes et combien merveilleux nous sommes. Les sensations nous éloignent de la vérité en créant des illusions que nous croyons être la vérité.

Nous croyons qu’une réponse, une affirmation ou une solution est la façon efficace pour informer les autres. En vérité, c’est la façon efficace pour les manipuler et avoir le pouvoir sur eux et non de partager ce pouvoir. Dire aux autres ce qu’ils doivent faire et ensuite affirmer que nous partageons le pouvoir avec eux, est simplement une façon plus habile et plus rusée pour les contrôler. Est-ce possible que la réponse à une question soit autre chose qu’une affirmation ou une certitude ?

Si vous me demandez comment faire pour être en santé et que je vous réponds, qu’est-ce que la santé pour vous ? Suis-je entrain de vous comprendre et d’être avec vous ou suis-je entrain de me séparer de vous en créant une division entre celui qui sait et celui qui ne sait pas ? Maintenant, pouvez-vous observer ce que vous dites à vos proches lorsqu’ils vous posent une question non d’ordre technique ? En vérité, nous répondons par une affirmation ou une certitude et utilisons cette occasion pour montrer notre savoir sans se rendre compte de l’impact sur la relation en ce moment. C’est ce que j’entends par le culte du savoir.

Je ne sais pas ce que vous recevrez comme intuition concernant votre bien-être physique, mais si vous prenez conscience d’accepter ce qui est sans chercher à le fuir par des solutions déjà toutes faites selon ceux qui ont des avantages financiers ou de pouvoir sur vous, alors votre transformation commencera sans vous en rendre compte.

Depuis notre naissance, nous avons été conditionnés à mettre de la valeur sur la société, mais nous sommes la société, car nous l’avons créée individuellement dans nos relations quotidiennes qui ensuite se propagent à une échelle mondiale. Nous croyons avec fermeté aux solutions qui pourraient transformer la société, mais nous ne nous transformons pas d’abord. Pourtant nous sommes ce qui crée la société. Toutes nos connaissances n’ont pas réussi à changer cette société corrompue, égoïste, malade, injuste et malveillante, alors pourquoi sommes-nous si aveuglé par le culte de l’accumulation de connaissance ? Pourquoi croyons-nous que les idées et solutions mises en pratique vont transformer ce monde ?

Est-ce le fait de penser et dire aux autres ce qu’ils doivent faire pourrait nous permettre de vivre dans une situation sécurisante pour combler nos propres désirs ? Si c’est le cas, alors nous voyons que l’accumulation de connaissance est l’outil pour pouvoir contrôler et manipuler les autres n’est-ce pas ? En vérité, nous sommes incapables d’agir en fonction de nos désirs et pour nous les procurer, il suffit d’apprendre le plus de choses et trouver des moyens pour faire agir les autres.

Comme il n’y a pas de justice véritable, les gens n’ont pas les mêmes ressources et les mêmes possibilités. La presque totalité de la société se bat pour simplement survivre ou maintenir une situation supportable en échange de leur liberté en devenant des esclaves ou des employés modèles.

Nous luttons constamment pour simplement être bien physiquement en échange de notre liberté et de notre capacité de nous comprendre. Les systèmes, les organisations, les institutions et les nations sont devenus plus importants que l’être humain. Nous n’avons pas besoin de personne pour notre bien-être, me comprenez-vous ? Avoir besoin n’est pas la même chose qu’aimer. Nous dépendons des autres pour notre bien-être, alors nous sommes esclaves des autres qui ont la connaissance ou le pouvoir.

La quête de sécurité est ce qui permet aux systèmes d’exister, car il garantit une certaine forme de cohésion et d’ordre dans la confusion actuelle. En vérité, cette confusion tient au fait qu’individuellement nous sommes confus concernant notre propre pouvoir. L’enseignement ou l’école nous oblige à devenir des machines au service de la nation et de ceux qui contrôlent l’économie au lieu d’être l’endroit pour nous faire prendre conscience de qui nous sommes et créer librement le genre de vie que nous désirons. Tous nos inconforts physiques proviennent de notre ignorance de soi-même, alors une personne confuse peut-elle créer autre chose que la confusion ?

Chercher à accumuler de plus en plus de connaissance sur soi est une échappatoire pour se connaître. Ce genre de connaissance est selon les autres dans des livres, des cours ou des séances de perfectionnement. Se connaître par soi-même n’est pas une fin, un idéal quelconque qui promet un résultat satisfaisant. Il n’y a pas de séparation entre un enseignant et un enseigné, qui est source de conflit entre celui qui sait et celui qui ne sait pas, mais l’enseignant n’est pas séparé de l’enseigné, ils sont un.

De même, il n'y a pas de séparation entre se connaître et s’aimer, il nous faut donc s’observer dans le présent et comprendre ou être attentif à ce que nous pensons, faisons, disons et sentons. L’observateur (l’ego ou image de soi) est devenu ce qu’il observe pour ainsi comprendre ce qu’il est, sans jugement.

Nous avons des traditions très enracinées dans nos cultures qui consiste à croire qu’il nous faut devenir une meilleure personne ou grandir. Ainsi nous cherchons à être à la hauteur en pensant que l’accumulation de choses ou d’idées en sont les moyens. Si nous observons attentivement ce qui se passe, il y a un mouvement d’une pensée fausse qui désire posséder ou avoir quelque chose afin de pouvoir remplir sa vie et ainsi se prouver qu’il est plein de bonheur et de réussite. En vérité, seul un esprit vide cherche à remplir sa vie de toutes sortes de chose ou d’idée pour fuir ce sentiment actuel de vide intérieur. Je ne juge aucunement le fait d’avoir beaucoup de bien ou de connaissance, mais j’ai simplement le désir de comprendre et partager la vérité actuelle.

Nous croyons que l’amélioration est un signe de grandeur et nous l’associons avec le mot évolution. Par contre, nous ne sommes pas conscients qu’une accumulation de chose et de connaissance soit une forme de sécurité pour fuir le présent inconfortable et inconnu. La véritable évolution n’est pas de chercher à devenir meilleur. Il n’y a aucune évolution lorsque la peur crée nos croyances et notre façon de penser continuellement. Nous pouvons cacher notre peur (nos sentiments inconfortables) sous des amas de choses ou de savoir, mais elle est toujours là que nous en soyons conscients ou non. La sécurité est le résultat de l’inconscience et la peur en est l’énergie première. L’inconscience est le fait de chercher à devenir meilleur en jugeant ce qui est en fonction de ce qui devrait être.

Comment pouvons-nous affirmer que nous évoluons lorsque nous gardons et protégeons nos croyances passées ? Alors, même si nous disons que nous grandissons, en vérité nous sommes statiques, car notre base de penser s’appuie sur notre passé ou croyances que nous cherchons à cimenter en nous. L’esprit façonné par le passé ne peut pas créer du neuf et ainsi évoluer, il doit d’abord comprendre ce qui est connu sans chercher à changer le futur, qui est en fait une illusion. C’est le même passé qui se crée dans l’avenir en fuyant la vérité présente. Les images, les objets, les faits observables peuvent être différents et ainsi prouver que nous évoluons, mais l’évolution n’est pas un résultat extérieur. Nos véritables sentiments sont le seul fait vérifiable pour nous en assurer.

Pour beaucoup de gens, nous avons du plaisir à nous vanter ou montrer notre belle apparence et ce que nous faisons pour y arriver, cependant nous ne sommes pas conscients que le bien-être n’est pas une image, mais d’instant en instant. Lorsque nous arrivons à être bien selon un idéal, un but pour nous maintenir ou devenir meilleur, nous cherchons d’autres buts de plus en plus difficiles pour prouver notre réussite ou notre succès concernant notre apparence. Ainsi nous sommes piégés dans un processus inconscient de ce qu’est la peur et l’égoïsme. L’important devient donc l’image visée au lieu de nos sentiments et notre vérité à chaque instant.

Ainsi pour maintenir ce bien-être, nous croyons qu’il nous faut lutter et se discipliner pour y arriver au lieu de comprendre qu’un but visé est ce qui crée des attentes et attachements, qui sont sources de malheurs et de souffrances. Pourtant, il suffit d’accepter ce que nous sentons en cet instant et comprendre que si nous n’avons pas l’intention de faire quelque chose pour notre bien-être, c’est très bien ainsi. Cependant, s’obliger par la discipline à faire quelque chose n’est pas l’amour de soi, mais une négation de soi. Se libérer des attentes est un grand bien-être.


Copyright © 2004, Les éditions Mélonic