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    La dernière souffrance

Chapitre 1

Sous-chapitre C

L’écoute véritable

Pour rencontrer quelque chose de nouveau, nous devons au départ ne pas être pour ou contre ce qui est, car ces deux points de vues ne sont pas ce qui est, mais ce qui a été. En toute vérité, ils sont des opinions, des idées et des interprétations passées qui nous empêchent de regarder librement et comprendre les faits du moment présent. Pour écouter nous devons comprendre le sens des mots et des phrases sans aucun préjugé et aucune croyance. Il est extrêmement difficile d’écouter et ceux qui obligent les autres à écouter, utilisent comme argumentation, le fait d’obéir à l’autorité. Ils voudraient que les gens les écoutent, mais ils n’écoutent pas eux-mêmes ceux qu’ils obligent à les écouter.

Le point essentiel à observer est celui de l’intention. Ceux qui ne sont pas intéressés à écouter n’ont pas le désir en ce moment concernant le sujet que nous voudrions discuter. Pourquoi les obliger à adopter et à se conformer à notre point de vue, à notre désir ? Est-ce ainsi que nous pourrions leur faire prendre conscience d’un autre point de vue ? Pensez-vous que je peux obliger quelqu’un en grande sécurité et vivant confortablement à lire un livre sur la souffrance ? Cependant, je comprends que la permanence n’existe pas et éventuellement il pourrait y avoir des conditions différentes.

Notre société utilise l’argumentation, la culpabilité et la persuasion pour tenter d’influencer ou de convaincre les gens à changer leur point de vue afin de satisfaire un désir égoïste. En vérité, ceci n’est pas comprendre et accepter les gens tels qu’ils sont, mais de les mettre dans une situation inconfortable pour les faire agir par une forme de peur. Les effets sont ce que nous vivons intérieurement et ensuite collectivement dans notre monde de relations.

La recherche de sensation plaisante et sécurisante est le mobil qu’utilisent presque tous ceux qui désirent nous influencer et nous convaincre à utiliser leur solution ou leur moyen. En vérité, ceci est une forme de peur qui consiste à fuir le moment présent vers ce qui devrait être, pouvons-nous l’observer sans jugement et sans justification ? Pour mettre encore plus d’intensité et de conviction, les mots qui ont une définition « positif », sont employés pour nous conditionnés encore plus profondément dans nos illusions. Ainsi, nous entendons des mots comme estime personnelle, succès, réussite, rêve, devenir meilleur, être plus, attitude positive, richesse, gloire, fortune, amour, liberté, paix, etc.

En réalité, nous ne pouvons comprendre tous ces beaux mots même si nous en parlons beaucoup. Ce qui défini une chose n’est pas les mots, mais ce que cette chose n’est pas. Je vais donc le répéter au cas ou vous n’écouteriez pas, ce qui défini une chose n’est pas les mots, mais ce que cette chose n’est pas. Par exemple, ce qui défini l’amour n’est pas les mots que nous employons pour le définir, mais bien ce que la peur est. Ceci est la relativité, la conscience d’une chose existe seulement lorsqu’il y a autre chose. Comprendre l’opposé fait entrer en existence la vérité de ce que nous désirons comprendre, car il y a un choix libre entre le connu et l’inconnu. Un choix entre un connu et un autre connu n’est pas un choix libre, mais un choix imposé qui paraît libre. Le connu apporte un conditionnement de la pensée qui crée des croyances inconscientes.

Penser et parler sont simplement une expérience partielle, nous devons vivre l’expérience totalement, donc il manque l’action qui est relation pour pouvoir créer le sentiment dans l’âme. Penser et parler ne crée pas de sentiment, car l’expérience n’est pas issue d’un choix libre et conscient, ainsi ce qui est vécu n’est autre qu’une sensation. Cette sensation est essentielle pour faire entrer en existence la compréhension de ce qu’est un sentiment. Nous ne sommes pas conscients que ce qui défini une chose n’est pas les mots, mais ce que cette chose n’est pas. Nous pouvons accumuler de plus en plus de connaissance par les mots sans être conscient de ce qu’est cette chose. C’est exactement ce que nous tous vivons ici. Nous cherchons à fuir le moment présent qui est le sentiment, la vérité, au moyen de la peur ou la négation de ce qui est pour arriver à obtenir nos sensations agréables et sécurisantes qui sont nos illusions qui paraissent vraies.

Pour se libérer de la souffrance, il nous faut la comprendre et l’aimer car elle n’est pas séparée de nous, nous sommes la souffrance, la peur et tous ce que nous cherchons à éviter. Lorsque nous sommes conscients que nous mentons sans nous juger, alors nous maîtrisons le mensonge en toute conscience et la vérité nous libère, car la transformation intérieure est instantanée.

Ainsi pour prendre conscience de ce qu’est l’écoute véritable ou tout autre chose, nous avons à définir ce que l’écoute n’est pas, me comprenez-vous ? Voilà la simplicité, elle entre en existence lorsque nous sommes conscients de notre confusion et nos complexités. L’essentiel est de ne pas se juger et pour comprendre la justice, qu’avons-nous à comprendre, à prendre conscience d’abord ?

Pour faire agir quelqu’un, qu’avons-nous à faire ? Lui donner une solution ou lui donner l’information de ce qui est et n’est pas pour faire entrer en lui sa solution librement ? Pouvons-nous voir ce que des milliards d’êtres humains ne voient pas ? Comment est votre souffrance actuellement ? Y a-t-il en vous une certaine lueur ? Qu’est-ce que la liberté pour vous et de quelle façon pouvez-vous en prendre conscience ? Êtes-vous plus attentifs lorsque je vous pose des questions ou lorsque je vous affirme des certitudes qui vous obligent à m’écouter ? Comment nos parents, nos enseignants nous éduquent-ils ? En affirmant et montrant qu’ils connaissent et nous pas ? En vérité, celui qui connaît ne connaît pas. Pour comprendre ce qu’est la sagesse, nous devons comprendre ce que l’ignorance est.

Je ne sais pas ce qu’est l’amour, cependant je comprends ce qu’est la peur. De même, je ne sais pas qui je suis, mais je suis conscient de ce que je ne suis pas.

Nous avons souvent le même point de vue en société qui nous empêche d’aller plus loin que notre perception ou notre écoute habituelle. Nous construisons des croyances et convictions puissantes en affirmant que ce que nous voyons est la vérité. Cependant, notre perception est faussée par nos croyances et habitudes inconscientes. Par exemple, nous sommes tous d’accord qu’une journée dure vingt-quatre heures, car nous observons tout le mouvement de la terre en relation avec notre soleil, nous utilisons aussi des journaux, des calendriers et des horloges pour prouver cette certitude. Cependant, nous ne nous interrogeons pas pour comprendre que nous avons tous le même point de vue en étant bien installé sur notre planète. Si nous étions à une certaine distance de la terre et que nous pouvions apercevoir à la fois le soleil et la terre. Comment pourrais-je aller me coucher une fois le soleil disparu à l’horizon ? Peut-être verrions-nous qu’il n’y a pas de coucher ou de levé du soleil pour expliquer ce qu’est une journée ?

Pouvons-nous voir que le fait d’avoir un seul point de vue observé par un très grand nombre de gens apporte une croyance ou un conditionnement de la pensée ? Si nous avions un autre point de vue, peut-être prendrions-nous conscience de quelque chose d’autre ? Mais ceux qui croient profondément, ne veulent pas et ne désirent pas comprendre, voir ou écouter autre chose, car ils sont confortables avec leurs croyances passées. Pourtant, ce sont eux qui parlent d’évolution, de liberté, d’amour et quoi encore. En vérité, nous sommes à l’aise dans nos certitudes ou croyances et nous avons été éduqués à suivre, obliger, accepter de force les croyances passées de nos prédécesseurs lorsque nous étions jeunes et pleins de vigueur en face du neuf.

Ainsi, écouter demande une attention et une conscience hors de l’ordinaire, parce que nos croyances nous empêchent de voir directement le neuf.

Une autre croyance forte est celle de travailler pour un autre, nous dépendons presque tous de quelqu’un pour notre travail, car nous avons été conditionnés à l’école à ne pas entreprendre des projets pour soi-même, mais à être des esclaves pour ceux au pouvoir.

Nous avons tous le même point de vue pour résoudre nos problèmes, nous devons trouver une solution extérieure selon des gens qui savent et ensuite mettre en pratique cette solution. En vérité, qu’est-ce que le savoir ? N’est-ce pas quelque chose de passé ? Comment faire face à nos problèmes qui sont toujours neufs avec du connu ? Pouvons-nous observer directement et sans jugement l’ignorance et la confusion en action ? Par exemple, nous allons consulter un professionnel pour mettre de l’ordre en nous, car nous souffrons énormément physiquement ou mentalement. D’où vient cette réaction pour aller voir un professionnel ? Vient-elle de nous ou de nos croyances passées, notre conditionnement selon l’environnement ? Nous voudrions que quelqu’un mette de l’ordre en nous sans comprendre celui qui a crée ce désordre ou cette souffrance ? Nous sommes même disposés à écouter quelqu’un dans la même confusion que nous, qui a des intérêts financiers à ce que nous revenions souvent le voir, mais qui ne nous fera jamais prendre conscience de compter sur nous uniquement.

Je reviens encore une fois sur cette énoncée, celui qui sait, ne sait pas. J’ai demandé à un enseignant qui a plus de dix années d’expériences à l’école primaire, pourquoi criait-elle constamment envers les enfants de sept ans ? Elle m’a répondu qu’elle savait ce qu’elle faisait et qu’elle ne criait pas. Alors, je lui ai demandé depuis combien de temps elle savait. Depuis près de dix ans. Pour terminer, je lui ai affirmé que si je comprends bien, vous n’avez pas évolué depuis dix ans, car vous répétez cette même phrase lorsqu’un problème surgit pour vous sentir confortable ? En vérité, celui qui sait, ne sait pas et ne peut donc pas vivre au présent et comprendre les problèmes qui sont toujours neufs.

À partir de là, que nous reste-t-il maintenant à écouter ? Nous observons que nous ne pouvons pas écouter nos enseignants, nos parents, nos professionnels, nos auteurs de livre, nos gens à succès, nos maîtres et toutes les images que nous voyons. Je ne demande pas de me croire ou de m’écouter au travers ce livre et vous le savez parfaitement. L’information que nous recueillons dans les livres n’est pas pour se connaître, mais bien pour connaître l’auteur. C’est ce point essentiel qu’il y a à comprendre et non croire que nous allons nous transformer au moyen de la lecture.

Nous pouvons lire des milliers de livres et écouter des centaines de conférences de gens à succès, cependant, rien de tout cela ne va nous transformer si nous ne sommes pas conscients de ce que nous pensons, faisons, parlons et sentons en relation avec les gens, les choses et les idées. Nous avons à nous écouter d’abord, mais chercher à écouter les autres est simplement une distraction, un divertissement qui nous procure des sensations agréables et sécurisantes. Ceci est encore la peur, fuir ce que nous sommes pour chercher à devenir ce que nous voudrions être. Me comprenez-vous ici ? Plus vous lirez ce livre et plus vous prendrez conscience que mon intention est que vous volez de vos propres ailes. En vérité, vous n’avez besoin de personne pour votre bien-être, mais actuellement il est important de comprendre ou vous êtes dans votre conscience, de vous voir tel que vous êtes.

Mon intention véritable est de me comprendre, m’aimer tel que je suis afin de choisir librement ce que je désire pour mon bien-être d’abord et celui des autres ensuite. Lorsque je suis attentif, automatiquement je le suis avec les autres. Mais si je suis attentif à ce que les autres pensent, disent et font, alors je suis dans un état pour les exploiter en vue de parvenir à satisfaire mes désirs égocentriques en toute inconscience de moi.

Il ne peut pas y avoir d’écoute véritable sans être attentif à soi-même, à ce que nous pensons, disons, faisons et sentons.


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