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    La dernière souffrance

Chapitre 2

Sous-chapitre B

Les solutions

Ce qui devrait être est un idéal, une illusion future que nous croyons avoir pour être. Ainsi, posséder quelque chose comme un objet, une connaissance ou une personne va nous permettre de prouver que nous avons réalisé cet idéal, ce rêve. Nos possessions nous confirment notre succès, notre gloire et notre réussite devant les autres. Cependant, un véritable état d’être n’est pas visible, il n’est pas de cette dimension relative, est-ce que vous comprenez ceci ? Lorsque nous souffrons, avons-nous besoin d’une possession pour enlever cette souffrance ? Temporairement nous pouvons être bien lorsqu’un objet nous donne l’illusion ou plutôt nous apporte une forme de sensation agréable ou sécurisante qui nous distrait et empêche de comprendre ce qui est. En vérité, la souffrance ou l’inconfort est toujours là malgré cette solution. Un état d’être ne peut pas être changé au moyen d’une solution pour fuir un état d’être. L’être n’est pas de la dimension relative du temps. Faire est une activité dans le temps afin d’avoir un résultat. L’être n’est pas un résultat, il entre en existence lorsque nous comprenons le connu. Or, qu’est-ce que le connu ? N’est-ce pas ce qui est actuel ? Ce qui est maintenant, est le fait que nous vivons en niant le présent au moyen de nos idées ou croyances concernant le futur ou le passé.

Si je suis triste actuellement, si je souffre, ceci est ma vérité, ce qui est maintenant. C’est ceci qu’il me faut comprendre et non le fuir au moyen de solutions afin d’arriver à un autre état d’être. Ainsi, toutes solutions vont apporter un certain soulagement temporairement, mais jamais nous ne serons libérés de la souffrance. Nous voulons prouver que nous sommes heureux au moyen de nos possessions sans véritablement être heureux.

En répétant ce processus régulièrement, en allant voir des gens qui le font constamment, en consultant des spécialistes ou des professionnels qui le pratiquent à chaque jour et en regardant les médias de communication qui nous envahissent de solutions quotidiennement, se pourrait-il que nous développions des habitudes profondes et des croyances inconscientes ?

Pourtant nous observons les gens et le monde partout sur cette planète et rien n’a véritablement changé en nous. Nous sommes destructeurs, cruels, égoïstes, méfiants, brutaux, jaloux, isolés, souffrants et insensibles. En vérité, nous sommes confus et ignorants de se connaître sans observer ce que nous pensons, disons, faisons et sentons individuellement. Nous préférons nous concentrer sur les solutions ou moyens à faire pour changer notre monde sans commencer par soi-même, comme si notre être est arrivé à une évolution finale.

La pensée qui est l’accumulation de connaissance, s’est efforcée de se débarrasser et de se libérer de la souffrance en inventant des solutions comme la religion, les distractions, les sauveurs, les nations, les maîtres, les spécialistes, les politiques, les biens matériels, les systèmes, les drogues, l’alcool, etc. Dans toutes ces solutions, la pensée à séparer les gens dans des classes, des groupes, des associations et des équipes qui combattent et luttent pour gagner ou prouver qui a raison. La pensée a divisé l’homme contre l’homme et a provoqué le désordre, la guerre, les conflits et les chaos sur notre planète. Ensuite cette même pensée veut s’appliquer à chercher des solutions pour la paix, l’harmonie et le bien-être. Quoi que fasse la pensée ou l’imagination, elle ne peut qu’engendrer la crainte, la souffrance, l’isolement et la cruauté. La pensée ou le penseur doit se taire et comprendre de lui-même son processus avant tout pour que l’amour entre en existence.

Nous croyons que nous devons faire quelque chose immédiatement pour solutionner un problème, alors nous pensons à trouver une solution au moyen de notre imagination ou celle des autres. Mais qu’est-ce que l’imagination ? N’est-elle pas le produit de l’environnement d’ou nous vivons et des images que nous voyons ? Est-ce que l’imagination est un autre mot que nous employons pour décrire une certaine forme de pensée ? Ainsi, l’imagination sous n’importe quelle forme détruit la liberté, car ce que nous imaginons sont nos vieilles pensées collectives ou individuelles que nous voudrions revivre. Nous sommes prisonniers de notre pensée, donc nous ne pouvons recevoir le neuf et évoluer.

Être créatif ne signifie pas de trouver des solutions à un problème au moyen de la pensée, mais de comprendre que la véritable création n’est pas engendrée par cette pensée conditionnée, confuse et ignorante.

Les gens prient pour la paix, ils cherchent l’amour, font des efforts pour trouver un bonheur permanent, pourtant en leurs cœurs ils sont pleins de compétition, d’ambition, de jalousie, de haine, de colère et de violence. L’homme doit faire face à tout cela et non l’éviter et le fuir au moyen de solutions à faire pour arriver à un but. Nous cherchons des gens qui se sont accomplis ou qui sont importants afin de les imiter. Est-il si important de trouver s’il y a quelqu’un qui vit sans souffrir ? Peut-être serait-il plutôt sage de se demander, de découvrir en soi-même nos nombreuses causes de la souffrance ?

Les solutions sont des échappatoires pour fuir la vérité de ce qui est et elles se valent toutes. Je ne juge pas ces moyens, je ne fais qu’exposer à la lumière du jour le processus de la peur. Si nous sommes conscients que nous utilisons la peur comme élan de motivation, alors la peur se libère pour faire entrer en existence ce que la peur n’est pas, soit l’amour. Chercher l’amour au moyen de la peur n’est pas l’amour, mais une autre illusion.


Copyright © 2004, Les éditions Mélonic