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    La dernière souffrance

Chapitre 2

Sous-chapitre C

La sécurité

On cherche la sécurité dans tout, on désire des garanties et on veut des promesses de sensations confortables. La seule chose qu’on ne veut pas, c’est de comprendre ce qu’est la peur. La souffrance se libère lorsque cette peur est remise à sa place et que nous voyons qu’une vie de certitude n’est pas la liberté. S’accrocher et se lier à nos certitudes ou nos croyances est une illusion que nous nommons la sécurité. La vérité n’est pas une certitude passée, non plus une promesse future, elle entre en existence quand nous voyons directement que la sécurité ou la permanence est une erreur de pensée. La seule permanence est que tout est impermanent.

Nous souffrons, car nous ne comprenons pas ce qu’est la souffrance en cherchant ce qui devrait être le contraire au lieu de comprendre ce qui est. Ce mouvement illusoire vers le futur est engendré par notre façon de penser actuelle qui est conditionnée selon nos croyances passées. Pouvons-nous observer directement le passé que nous voudrions projeter inconsciemment dans le futur ?

Pour nous, une vie de bonheur est une vie que nous identifions comme étant sécurisante et ne comportant aucune incertitude. Notre désir de certitude ou de sécurité est un idéal, une norme de notre environnement que nous croyons visée afin d’être heureux. Cependant, lorsque nous sommes bien et en toute sécurité, que faisons-nous pour notre bien-être relationnel, spirituel et corporel ? S’il vous plait, laissez entrer cette question en vous sans y répondre rapidement et sans porter de jugement. Si dans ce livre vous preniez conscience que d’une seule chose, je souhaiterais que ce soit cette dernière question. Donc, je vais la répéter de nouveau, lorsque nous sommes bien et en toute sécurité, que faisons-nous pour notre bien-être relationnel, spirituel et corporel ?

Les habitudes s’installent progressivement lorsque nous sommes confortables par rapport à quelque chose et elles sont les causes agissantes qui créent nos propres souffrances en nous et autour de nous. Le confort, la sécurité, le connu, les croyances ou valeurs, les certitudes, les traditions, les mythes et les normes sont en quelques sortes des drogues puissantes qui nous paralysent en créant inconsciemment, sans nous en rendre compte, les effets de la peur que nous voudrions perpétuer et propager dans le futur. En vérité, c’est lorsque nous sommes confortables que nous créons inconsciemment nous souffrances et nos douleurs. Encore une fois, je ne juge pas ce qui est en affirmant ce qui est confortable ou sécurisant soit mal, mais d’observer ce point de vue sans chercher à prouver ce qui est meilleur qu’un autre.

La dernière souffrance n’est pas un idéal visé selon un moyen à faire ou une solution à mettre en pratique. Être profondément conscient de nos habitudes, sans pour autant les dominer ou les éliminer, est ce qui permet de pouvoir penser librement avec justesse. Les croyances nous empêchent d’être libre en nous imposant des normes, des conditionnements très profonds. Les gens sont usés par les conflits et les souffrances qui en résultent. Ils se cachent et fuient dans des endroits paisibles et isolés de ce monde cruel. En vérité, ils ne semblent pas et ne veulent pas comprendre leur peine et leur malheur. Fuir ce qui est par ce qui devrait être ou a été en est la cause.

Nous allons maintenant entrer dans ces profondeurs et je vous informe que si vous ne comprenez pas un point de vue, que si vous juger quelque chose, vous êtes profondément atteint de cette maladie qui se nomme la sécurité. D’autre part, c’est l’insécurité, l’incertitude ou l’inconfort qui engendre la liberté ou l’intention de comprendre quelque chose de nouveau. Les faits véritables ne sont jamais effrayants, ce qui est effrayant et redoutable sont nos fuites pour leur tourner le dos. Fuir ce qui est sans comprendre ce qui est.

Depuis notre naissance nous avons été programmés à rechercher le confort, le plaisir et le pouvoir afin de montrer que nous sommes classés parmi les gagnants, les plus forts, les plus habiles ou les plus importants. Ceci sont des désirs d’être et non ce que le bien-être est. Nous tous avons été conditionnés à suivre ce processus de séparation entre ce que nous sommes à l’instant vers ce que nous devrions être. Devoir être est une obligation, une norme imposée, qui produit des croyances ou habitudes inconscientes. Nous croyons être au lieu d’être, voilà en terme très simple la fondation de notre vie. Plus nous cherchons à être, à faire quelque chose, et plus nous perdons de vu qui nous sommes par cette habitude profonde de fuir ce que nous sommes vers ce que nous devrions être. En vérité, nous donnons de plus en plus de force à notre ego.

Nous allons à l’école, car nous devons avoir un emploi pour notre survit, nous devons nous marier pour ne pas être seul, nous devons faire des enfants pour notre fierté, nous devons suivre les lois pour la politique, nous devons respecter les riches et les puissants, nous devons écouter les plus vieux que nous, nous devons plaire aux autres, nous devons suivre une religion, nous devons avoir des amis, nous devons posséder une maison, etc. Le problème n’est pas le fait de viser ces idéaux, mais le fait de devoir viser ces idéaux, me comprenez vous bien ici ? En vérité, nous n’avons pas de choix et certains groupes plus rusés nous disent que nous avons la liberté de choisir en devant choisir parmi des possibilités différents. Le mot subtil dans la dernière phrase est le mot « devant » qui impose une forme d’obligation créant ainsi une illusion que nous sommes libres de choisir. Une obligation demeure une obligation quelque soit la ruse employée pour manipuler les gens.

Vous avez le choix entre travailler comme mécanicien ou comme politicien, cependant, il n’y a aucun choix véritable, car le choix ne vient pas de vous, l’obligation ici est le travail que vous devez faire et non ce que vous désirez faire sans vous imposer de choix. Comment pouvons-nous être motivé lorsque le choix est imposé ?

Ainsi, les trois plus grandes formes de peur sont en réalité la recherche de la sécurité, la recherche de distraction et la recherche du pouvoir. Je ne dis pas que la sécurité, les distractions ou le pouvoir sont mauvais et que nous devons nous abstenir comme certain moines isolés dans des monastères, ce que je dis est ceci, sommes-nous conscients de ce mouvement qui consiste à fuir un sentiment inconfortable que nous avons créé inconsciemment vers quelque chose d’agréable ou sécurisante qui nous apporte une sensation d’importance et de reconnaissance ?

Si notre but ultime est de montrer que nous sommes important et reconnu devant les autres, alors ce qui engendre cette recherche est simplement le fait véritable que nous ne nous connaissons pas actuellement, que nous ne sommes pas conscient de nous-mêmes. Ne pas voir ce fait c’est se juger inconsciemment et ne pas s’accepter tel que nous sommes. Il n’y à rien de mal à voir que nous sommes inconscient ou sommes complètement confus, comment pouvons-nous être libre lorsque nous refusons de nous voir tel que nous sommes en jugeant nos états d’être ?

Pour se connaître, il est essentiel de comprendre ce qui est, de demeurer avec ce qui est et non de le fuir vers ce qui devrait être ou a été. Nos véritables solutions concernant notre bien-être ne viennent pas des autres ou des êtres humains vivant sur cette planète, mais bien de quelque chose d’inconnu lorsque nous demeurons liés avec ce qui est maintenant. Nous préférons écouter les autres au lieu d’être pleinement conscient de notre pouvoir. Toute solution provenant de sources extérieures à nous, je dis bien toutes sources extérieures, est toujours une tentative pour nous contrôler et nous manipuler à satisfaire les désirs de sensations agréables et sécurisantes des autres. Ces gens sont dans une confusion et une inconscience profonde et les écouter c’est devenir comme eux.

Depuis notre naissance nous les avons écouter, en êtes-vous suffisamment conscients ? Si aujourd’hui vous êtes tannés, fatigués de souffrir, de vivre dans les illusions, de voir les mensonges et les cruautés autour de vous et en vous, alors vous êtes rendu à la croisé des chemins. Ce monde n’est plus pour vous et il est temps maintenant de se voir et s’aimer tel que nous sommes et non tel que les autres voudraient que nous soyons. La dernière souffrance est maintenant à votre portée et vous n’en êtes pas certain, mais la liberté d’être à sa source dans l’incertitude et non dans la certitude qui elle s’appuie sur le passé, le connu provenant des autres qui nous ont obligé de force à adopter leurs croyances.

C’est lorsque nous sommes profondément conscients et attentifs de ce qu’est l’insécurité, l’incertitude, la souffrance, l’ennui, le peu de possession, le vide intérieur, la peur, la confusion et vivre comme un inconnu que nous pouvons repartir en toute liberté dans la véritable paix et la joie sans limite. Nous comprenons profondément ce que nous sommes et la souffrance n’est rien d’autre qu’un jugement porté sur ce qui est, sur ce que nous sommes. Chercher à accumuler des connaissances, des biens et de la reconnaissance est en vérité des réactions inconscientes de gens qui ont peur d’être face à face avec eux-mêmes tels qu’ils sont.

Vivre en sécurité est une contradiction, car vivre c’est la beauté de l’incertitude des surprises, des cadeaux que la vie nous apporte et la sécurité est une certitude sans nouvelle surprise. Vivre c’est mourir au passé, au connu.

Nous avons été programmés à rechercher la sécurité dans presque tous les domaines de notre vie. Il y a la sécurité d’emploi, celle familiale, nationale, la sécurité émotionnelle, relationnelle et matérielle, la sécurité en s’identifiant avec un plus fort et beaucoup d’autres. Le problème n’est pas l’emploi, la famille, ou tous les mots que nous ajoutons, mais qu’est-ce que la sécurité ? Ce que nous devons comprendre est la sécurité et non les mots qui nous éloignent et font obstacles à la compréhension directe de ce qu’est la sécurité.

Qu’est-ce que la sécurité ? N’est-ce pas des garanties, des attentes ou des buts que nous voudrions, afin de vivre dans le confort sans sentir de sentiments nouveaux ? En vérité, nous idéalisons la vie selon ce que nous voudrions qu’elle soit et non ce qu’elle est. Voilà pourquoi les croyances sont utiles, car elles sont des certitudes passées qui nous donnent des garanties d’un passé qui se prolongera éternellement dans le futur. Ainsi, nous croyons contrôler et manipuler la vie comme nous cherchons à manipuler les gens selon nos idéaux. Cependant, nous refusons de voir, de comprendre que ceci ne fonctionne pas, car nous sommes la vie et ne pas être relié avec elle, ne pas être en relation avec elle, c’est recréer la souffrance, l’inconfort, les guerres, les cruautés et les divisions dans notre monde. C’est exactement ce que nous observons actuellement, mais si nous regardons en étant hypnotisés par nos croyances, ce que nous verrons n’est pas ce qui est, mais ce qui devrait être selon ce qui a été. En définitif, nous projetons nos vieilles croyances passées vers le futur sans se rendre compte qu’ils font obstacles à voir la vérité telle qu’elle est maintenant. Pour voir la vérité, nous devons être libérés de nos croyances et notre re-cherche de sécurité en est une extrêmement profonde dans notre façon de penser subconsciente.

La sécurité n’est ni bien ou mal, elle est simplement une conséquence naturelle de ce que la peur est. La sécurité n’est pas la survit du corps, mais la survit de nos vielles croyances que nous voudrions gardées permanentes et conformes aux idéaux que les autres nous ont obligés de se soumettre et qu’à notre tour, nous voudrions soumettre aux autres.


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