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    La dernière souffrance

Chapitre 3

Sous-chapitre A

La cause et l’effet

Pour comprendre profondément quelque chose, nous avons avant tout à observer ce qui est actuel et non le fuir. Cette observation est en réalité une conséquence qui nous arrive et ceci nous procure un sentiment qui nous fait du bien ou non. C’est à partir de ce point que nous agissons selon nos choix conscients ou nous réagissons selon nos conditionnements inconscients afin de provoquer, de créer les effets. Ainsi, l’action et la réaction sont la cause d’un effet vécu et l’effet est la conséquence, le produit d’une cause.

Dans le domaine physique, l’action produit une réaction, par contre est-ce possible que nous croyons que l’être soit de la même dimension ? En vérité, nous confondons cause et effet avec action et réaction. Nous abordons le domaine absolu de l’être avec cette même approche sans observer encore une fois que la dimension physique n’est pas la seule qui existe. L’action est conscience d’être et la réaction est ce que nous croyons être ou l’inconscience d’être.

La conscience est un choix conscient entre ce qui est connu et ce qui est inconnu, tandis que la croyance n’est pas un choix, mais une certitude connue répétitive. En vérité, l’action ne produit pas une réaction, une croyance ou une habitude, mais quelque chose de neuf et d’inconnu que seul la liberté d’expression désire entreprendre sans jugement afin de sentir de nouveaux sentiments d’être, de nouveaux effets. Nous souffrons, car inconsciemment nous cherchons à reproduire quelque chose de connu qui nous est refusé. Ce sont nos sensations agréables et sécurisantes que nous voudrions réaliser. Ainsi, dans le processus de la vie, la cause est soit notre action véritable entreprise dans la conscience d’être ou notre réaction illusoire entreprise dans l’inconscience d’être.

L’effet ou la souffrance peut être éliminée, modifiée ou changée en apparence au moyen de l’expérience, par contre, la cause ne peut pas être éliminée en apparence pour la simple raison qu’elle n’est pas apparente ou visible. La cause n’est pas une expérience ou un moyen à faire (pensée, parole et mouvement), elle est ce qui engendre l’expérience, donc l’expérience est l’intermédiaire entre la cause et l’effet. La cause est l’énergie qui transforme un concept en expérience et l’expérience est l’expression qui modifie l’effet.

La cause peut être transformée par la conscience de voir ce qui est sans chercher à agir sur elle. Cependant, nous croyons utiliser la même approche pour modifier un effet et une cause, sans apercevoir quelque chose de différent. En vérité, il n’y à rien à faire pour transformer une cause. Il suffit de comprendre, de prendre conscience que nous avons suivi des gens qui ne se comprennent pas et que ceci a créé des habitudes inconscientes qui nous paralyse en face du neuf.

Nous sommes confortables dans nos croyances et ce sont elles qui nous empêchent de comprendre le neuf, l’inconnu. Nous répétons quelque chose qui est confortable, alors nous obtenons les mêmes conséquences. Tout ce qui est inconfortable, inconnu et en dehors de nos valeurs, nous les jugeons et pourtant elles sont notre salut. Nous cherchons à changer nos effets, nos souffrances avec ce qui les a créées. Quoi que nous fassions, la cause demeure en nous, car nous sommes la cause.

Être libéré de la souffrance, c’est le rejet absolu des croyances et des valeurs morales. Rejeter dans le sens de comprendre et choisir ce qui fonctionne pour notre bien-être. Notre pensée a été façonnée par l’environnement, donc elle ne peut pas être libre en cherchant à fuir dans des croyances et des sensations créées par cette même pensée. Nous devons comprendre notre processus de pensée et ne pas le comprendre par soi-même, c’est vivre dans l’inconscience et l’ignorance.

La pensée est le premier élément de l’expérience, elle n’est pas la cause véritable ou originale, la conscience ou l’être l’est, alors changer sa façon de penser, changer son attitude, ne changera rien du tout. Il nous faut comprendre ce qui a créé notre façon de penser. La conscience ne peut pas être changée par la pensée, car elle donne naissance à la pensée. Nous croyons que la pensée est l’autorité de notre vie, alors nous rendons un culte à l’accumulation de connaissance et alors nous devenons des êtres de plus en plus inconscients et remplis de croyances passées.

Nous vivons selon des certitudes sans remarquer que l’inconnu et l’incertitude est ce qui est vraie. Les intuitions que nous avons sont nos informations pour entreprendre de nouvelles expériences, mais nous préférons, nous avons peur de choisir autre chose. Ensuite, nous nous demandons comment faire pour être heureux et vivre dans la joie constante. En vérité, le fait de se demander comment faire pour être est un signe d’une personne qui ne se connaît pas. Il n’y à rien à faire pour être, il suffit de demeurer attentif et comprendre ce que nous sommes à cet instant, alors peut-être quelque chose de neuf pourrait entrer en existence ? Ce quelque chose n’est pas une certitude ou un connu, il est ce qui va transformer le connu, soit la cause de notre souffrance. Nous ne savons pas d’où il provient et nous ne pouvons le reconnaître.

Lorsque nous expérimentons quelque chose de complètement nouveau, alors nous sommes sur la bonne voie pour sentir en nous la joie, l’amour, la paix, soit ce que nous sommes. Nous ne pouvons pas reconnaître ce qu’est la joie, l’amour et la paix, car si c’était le cas, nous serions entrain de vivre une certitude ou une croyance. Il n’y a aucune évolution de l’être dans une croyance, car le connu est répété. Les effets visibles peuvent être différents, mais les effets invisibles de la souffrance reviennent constamment dans notre vie, car la cause reste la même source connue.

La cause et l’effet sont reliés ensemble par l’expérience, donc si nous ne transformons pas la cause, l’effet non plus ne sera pas modifiée par une nouvelle expérience. Un effet peut être visible ou invisible et également les deux à la fois. Un effet visible est un objet ou un corps et un effet invisible est une sensation qui crée ce que nous croyons être ou un nouveau sentiment qui crée l’être véritable. Un nouveau sentiment et même une nouvelle sensation ne peut pas être reconnu, car pour reconnaître quelque chose, nous devons l’avoir expérimenté une première fois.

Savoir ce qui est neuf ou inconnu, c’est comme affirmer que nous avons vu ce qui est invisible. En vérité, ce sont les croyances qui font obstacles à la vérité présente en cherchant à faire prolonger, à faire durer le connu qui nous a été agréable ou sécurisant. Si nous choisissons d’agir consciemment, nous produirons de nouveaux sentiments inconnus, par contre si nous réagissons selon nos croyances, nous reproduirons les mêmes ressentiments que nous cherchons actuellement à ne plus revivre.

Un choix véritable n’est pas une réaction à faire selon certains principes de succès ou certaines normes établies, car si nous imitons ou copions une autorité, nous sommes entrain de perdre notre pouvoir. Le choix est un état d’être et non un état de faire selon les autres, même si en apparence nous croyons en ce principe ou en cette autorité. La liberté de choix est une illusion, car en vérité, le choix d’être précède la liberté. Je ne sais pas si vous comprenez cette simple phrase ici ?

Il n’y a que ce que nous choisissons et comment l’obtenir. Le « comment » est l’expérience totale de penser, parler et se mouvoir sans utiliser les autres en aucune façon. En vérité, si je cherche à employer les autres pour combler mes choix, alors je suis insuffisant et j’ai besoin de quelqu’un. Nous cherchons presque tous à employer quelqu’un pour obtenir nos choix, ainsi l’emploi est ce que nous croyons être le plus juste en faisant un échange entre-nous. Le besoin n’est pas l’amour, mais l’absence d’amour.

Le choix est ce que je veux être, faire ou avoir et plus nous évoluons en conscience et plus nos choix le sont, sans porter de jugement afin de déterminer lesquels sont les meilleurs. Lorsque nous voulons devenir meilleur, devenir un gagnant, nous désirons en fait, fuir ce que nous sommes, soit la peur de perdre l’image de soi, ce que l’ego est. Il est impératif de nous voir tels que nous sommes avant de chercher à devenir, car si nous ne sommes pas conscients de ce qui est, alors nous ne serions pas conscients de ce que nous voudrions être. L’évolution véritable est basée sur ce qui est, sur ce que nous sommes entrain d’être en ce moment. Sommes-nous entrain de fuir ou sommes-nous entrain de nous comprendre ?

La cause de toute effet est ce que nous sommes et l’effet de toute cause est ce que nous sentons en nous. Pouvons-nous demeurer attentif à ce qui est ? Ce que nous sommes, ce que nous faisons et ce que nous sentons est ce qui est. Ce qui devrait être ou ce qui a été n’est pas ce qui est et pourtant nous passons presque toute notre vie dans ces illusions construites par la pensée conditionnée selon les croyances de notre environnement.

Ce processus de cause et effet n’est pas une mode ou un principe de succès, mais un processus universel de la création quel que soit l’endroit et le temps ou nous sommes. Une cause engendre l’expérience qui produit un effet, qui à son tour provoque une cause. En vérité, la cause n’est pas avant l’effet, car ils ne sont pas séparés par la durée de temps, c’est la pensée qui croit en cette séparation et ainsi elle invente le temps pour fuir l’effet senti.

La cause et l’effet sont ce que nous sommes et plus nous sommes conscients de qui nous sommes et plus le « temps » entre l’effet et la cause diminue pour ne faire qu’un. Le temps crée cette illusion et le temps est un produit de notre esprit inventif. L’effet de la souffrance est très inconfortable et la cause est le souffrant lui-même, il n’y a pas de différence et de séparation entre le souffrant et la souffrance. Ce qui est souffrant, c’est de tenter de faire quelque chose pour arriver à devenir moins souffrant.


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