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    La dernière souffrance

Chapitre 3

Sous-chapitre B

L’action et la réaction

Qu’est-ce qu’une action ? En terme physique c’est l’énergie qui engendre une force pour faire mouvoir un objet et ceci engendre un effet contraire dans l’autre sens que nous appelons une réaction ou une poussée. Cependant, nous ne sommes pas des corps physique, mais des êtres qui possèdent un corps, une forme humaine. Mais si nous ne sommes pas conscients de qui nous sommes, alors nous pourrions croire que nous sommes un corps qui est animé par notre façon de penser ni plus ni moins. Notre pensée est l’énergie qui engendre le mouvement de notre corps, mais qu’est-ce qui crée cette même pensée ? Nous sommes profondément convaincus que l’action véritable est notre pensée et que la réaction est l’émotion qui fait mouvoir le corps. La confusion nous domine par notre refus de comprendre profondément qui nous sommes précisément.

Voila d’où commencent nos profondes convictions qui créent des croyances nous empêchant d’évoluer en conscience. Nous croyons nous connaître et en fait nous ne nous connaissons pas. Nous cherchons à améliorer, à changer, à aider le monde, les gens, la société, sans être conscients que nous sommes tous la cause, la racine des conditions humaines que nous vivons. Nous ne nous observons pas dans nos relations quotidiennes qui créent cette société. Personne n’a l’air de comprendre ce simple point de vue, car nous sommes compliqués dans nos croyances, traditions et mythes culturels de toutes sortes.

La souffrance est partout sur cette planète et tant que nous éviterons de nous voir tels que nous sommes, voir que nous sommes les responsables de ces effets, rien ne va changer. Continuons à juger les autres, continuons à accuser les circonstances, continuons à trouver des excuses habiles, continuons à chercher des moyens à faire pour être heureux, plus riches ou meilleurs, continuons à montrer combien nous sommes importants, mais ne nous arrêtons pas pour nous voir et nous comprendre nous-mêmes n’est-ce pas ?

En vérité, l’action est quelque chose de neuf, tandis qu’une réaction est une répétition du neuf, soit le connu. Ils sont la cause véritable de tout ce qui est. L’action est amour, conscience d’être et la réaction est la peur, le devoir, les besoins, les obligations. Il n’y a aucun jugement ici, car l’inconscience d’être ou la réaction doit exister pour pouvoir choisir consciemment l’amour ou l’action véritable.

L’action ou la réaction engendre l’expérience, soit l’intermédiaire entre la cause et l’effet. Pour prendre conscience de l’action, nous avons à observer ce qu’est la réaction et pour comprendre la réaction, nous avons à observer ce qu’est l’action. Donc, il n’existe pas une comparaison entre ce qui est mieux que l’autre, mais ce qui fonctionne et nous sert, compte tenue de ce que nous choisissons d’être, de faire ou d’avoir.

La réaction n’est-elle pas quelque chose de connu que nous désirons refaire et reproduire ? Mais qu’est-ce qui provoque en nous cette répétition ? Ce connu que nous voudrions revivre ? Si je me sens inconfortable, souffrant, ou n’importe quel état d’être qui me donne des malaises, alors suis-je pas entrain de chercher une façon pour m’en débarrasser, le fuir ? Nous avons été conditionnés à chercher la sécurité, le bonheur, le succès, la gloire du gagnant, alors se pourrait-il que je sois hypnotisé à croire que je dois être heureux selon ce que les autres m’ont enseigné ? Si c’est le cas, alors je suis entrain de ne pas me respecter, de ne pas m’aimer, de fuir mes sentiments en les jugeant et non en les comprenant tels qu’ils sont, tel que je suis.

Maintenant, si je fais cette expérience non pas une fois, mais des milliers de fois, alors suis-je pas entrain de créer une habitude inconsciente en moi, une croyance profonde qui consiste à fuir dans des idéaux et des illusions que je crois être bien pour moi ? Observez-vous et ne me croyez pas sur parole écrite ici, faites vos propres observations et à partir de vos prises de consciences, déterminez ce qui convient pour vous selon ce que vous sentez en relation avec votre propre expérience. Réagir n’est ni bien ni mal, mais il est ce qu’il est en relation avec ce qu’il n’est pas, soit ce qu’est l’action.

Nous sommes programmés comme des machines à réagir et nous ne sommes pas conscients de ce mouvement, car nous n’avons pas d’autre point de vue que de réagir et de voir tous les gens de ce monde entrain de réagir. Les gens croient profondément que le fait de penser, réfléchir, juger, analyser, comparer, imaginer est une action.

Cependant, qui s’est déjà demandé ce qu’est au juste la pensée ? Au lieu d’affirmer que la pensée est une action, pourquoi ne pas voir ce qu’elle est véritablement ? Combien de gens très instruits ne désirent pas ou ne sont pas conscients de ce qu’est leur processus de penser ? Répéter des mots et des affirmations n’est-il pas quelque chose de superficiel afin de montrer une certaine forme d’instruction et de savoir afin de cacher la profondeur d’une incompréhension quelconque ? Voyons ensemble ce que la pensée est et peut-être de là, découvrir quelque chose de nouveau qui pourrait nous apporter une clarté ou une lucidité concernant l’action et la réaction.

Observons un enfant qui agit avec spontanéité et au lieu de porter un jugement sur ce qu’il fait, regardons en ayant l’intention de comprendre et se comprendre en relation avec lui et de là, faire un lien avec ce que nous avons été enseignés depuis notre naissance. Tout le monde sans exception va tenter de modifier le comportement de l’enfant en fonction de ce que nous croyons être bien pour lui, mais nous ne sommes pas conscients de l’impact que nous produisons dans cette relation. Nous voudrions que l’enfant nous obéisse, nous croyons lui montrer comment être et nous ne sommes pas conscients de qui nous sommes.

Pourquoi cherchons-nous à le changer ? Qu’est-ce qui engendre cette intention en nous ? Que voulons-nous obtenir en ce moment ? Jamais nous nous observons pour comprendre ce que nous sommes entrain de faire, d’être ou d’avoir n’est-ce pas ? Nous sommes ignorants de ce que nous désirons dans l’instant présent et ainsi nous voudrions le changer comme nous sommes actuellement. Ensuite cet enfant grandit dans un milieu identique pour devenir lui aussi un être totalement réactif comme les adultes. L’ego n’est pas d’être concentré sur nos désirs, mais d’être inconscient et ignorant de ce que sont nos désirs et nos intentions.

Je vais donc répéter cette phrase, car je suis presque certain qu’elle a passé sans grande importance, être égoïste n’est pas d’être concentré sur nos désirs, mais d’être inconscient et ignorant de ce que sont nos désirs et nos intentions. Les enfants sont conscients de leurs désirs, mais nous cherchons à les changer pour satisfaire les nôtres d’abord et ceci sans s’en rendre compte.

Notre enfance est composée pour la plupart d’entre nous à un apprentissage concernant l’oublie de soi en conditionnant notre outil le plus important pour créer nos expériences, soit notre pensée. Nous devons suivre l’enseignement des gens nés avant nous et ils utilisent la peur, les conditions, la culpabilité, les récompenses ou punitions, les ordres, les devoirs et la compétition. Ainsi, nous sommes condamnés à répéter les mêmes erreurs que nos prédécesseurs et alors nous souffrons et nous nous entretuons de génération en génération afin d’arriver à combler nos désirs. Notre esprit devient inutile, car nous sommes piégés dans des croyances et des idéologies puissantes pour satisfaire ceux qui gouvernent et nous contrôlent.

Revenons à ce qu’est notre pensée. Pouvons-nous penser si nous ne connaissons pas de mots ? Lorsque nous cherchons une information dans notre esprit, la cherchons-nous dans notre banque de mémoire ? Est-ce que l’école mesure les résultats selon ce que nous nous souvenons, ce que nous savons ? Mais ce savoir, est-il expérience et sentiments ou est-il seulement en mots ? Le travail que nous faisons, est-il de nouvelles expériences ou est-il une répétition de la même expérience ?

Vous avez une idée ou je veux en venir n’est-ce pas ? Nous sommes des producteurs, des copieurs et des imitateurs, nous nous croyons des experts, mais en vérité nous ne le somme pas, car l’expert est quelqu’un qui expérimente pour lui-même ce qu’il a envie pour lui-même. Nous préférons faire ce que nous connaissons déjà et ensuite nous parlons d’ouverture d’esprit, d’attitude positive et d’évolution. La souffrance est simplement une ignorance et une inconscience de ce que nous sommes. Chercher à ce connaître selon un autre est encore une fois le même processus qui fuit ce qui est vers ce que nous voudrions être en utilisant notre pensée réactive et non active dans le sens de nouveau. Nous expérimentons les mêmes résultats, car ce qui engendre la pensée originale de notre expérience est la même que celle qui nous a apporté cette souffrance.

La pensée est le produit de la mémoire et la mémoire est du vieux, du connu, ce qui est réaction. Ainsi, la pensée est et sera toujours dans le domaine du passé. Le neuf ou ce qui est action inconnue, ne peut pas être recherchée par cette même pensée. Tout ce que la pensée peut trouver est sa propre extension d’elle-même. Si je cherche quelque chose dans la maison, il est évident que je connais déjà ce quelque chose, sinon je ne saurais pas ce que je cherche et ou le chercher n’est-ce pas ? Me suivez-vous ici ? Je cherche ce qui est connu. Comment puis-je trouver ce qui est inconnu ?

Il se pourrait que cette question fasse un déclic en vous ou non... car en vérité, nous ne pouvons trouver ce qui est inconnu, ce que nous pouvons comprendre est peut-être le fait de prendre conscience que le silence, l’attention et ne pas se créer d’attente est ce qui fait entrer en existence l’inconnu ? Si nous comprenons toute la fausseté de ce mouvement qui cherche une fin connu, peut-être que l’inconnu viendra à nous sans le chercher ?

L’action véritable ne peut pas être quelque chose de connu, toutefois ceci ne veut pas dire de ne jamais refaire quelque chose, ceci signifie d’être conscient qu’une réaction n’est pas une action neuve et créative. La véritable création n’est pas une récréation. Elle est ce qu’elle est et non ce qu’elle a été ou devrait être. C’est la vérité qui libère et non l’effort qu’on fait pour se libérer. La pensée est une réaction, alors parler de pensée créative ou d’imagination créatrice, est en fait une confusion.

Nous confondons souvent l’action avec le mouvement du corps, mais le corps ne peut agir sans l’énergie du désir. L’émotion est la plus souvent réactive, dans la mesure ou sa source est dans notre pensée connue, qui elle est réactive. Une nouvelle pensée n’a pas de source connue, elle ne peut être recherchée, elle vient à nous lorsque nous sommes attentifs à ce qui est. Nous pouvons vivre comme des êtres conscients ou inconscients, c’est à nous de choisir. Si nous sommes conscients que la plupart de nos pensées sont réactives, alors nous sommes maîtres de nous-mêmes. La liberté d’expression est véritable lorsque nous sommes conscients que nous pouvons choisir une action inconnue ou une réaction connue pour créer une expérience. Quelle grande vérité.

Dans les deux cas, nous sommes conscients que la cause de notre expérience et des effets créés est entièrement provoquée par notre choix original. C’est alors que nous pouvons parler de responsabilité de notre vie et de créer le genre de vie que nous désirons sans chercher à accuser ou à juger les autres ou les circonstances.

L’action est un choix entre ce qui est connu et ce qui est inconnu de façon consciente. La réaction est un choix imposé par l’environnement entre ce qui est déjà connu et ce qui devrait être connu de façon inconsciente. Nous observons que le temps est encore une fois le facteur essentiel à comprendre. L’action est maintenant en toute conscience et la réaction est le passé ou l’avenir en toute inconscience.

La conscience nous permet de comprendre que nous avons la possibilité de vivre au présent en choisissant ce qui est inconnu ou ce qui est connu, par contre l’inconscience ne permet pas de vivre au présent, elle le fuit dans des idéologies de la pensée réactive. En vérité, il n’y a pas de possibilité de choisir autre chose que le connu provenant des autres qui nous obligent par la peur et la culpabilité à être d’accord avec eux. Nous pouvons parler de nouveauté, de changement et d’évolution, mais nous demeurons prisonniers de nos vieilles croyances sans être conscients.


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