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    La dernière souffrance

Chapitre 3

Sous-chapitre D

Les relations

La relation est l’outil de l’expérience qui crée les formes et les effets, comme par exemple créer une table, une croyance et également un sentiment. Il y a la cause qui est l’être, l’intermédiaire ou l’outil qui est la relation avec les gens, les choses et les idées et finalement l’effet qui est la conséquence en sensation ou en sentiment. Être conscient, c’est comprendre ce mouvement et comprendre également l’autre mouvement illusoire du temps. La forme est le résultat en image ou objet d’une création ou répétition d’une création et l’effet en est la conséquence invisible (par nos sentiments ou sensations). Parce que nous vivons superficiellement, la forme, l’objet est ce que nous cherchons à obtenir comme conséquence, sans observer ce que nous provoquons comme effet dans nos relations. Nous sommes obsédés par nos possessions qui nous apportent des sensations agréables et sécurisantes, et ceci nous empêche d’être sensibles aux effets ressentis. Nous ne sommes pas conscient de notre être et par conséquent, de nos sentiments d’être et ceux des autres. Nous sommes totalement confus concernant la différence entre les sensations que procure une image ou une connaissance et les sentiments que procure un choix exprimer librement.

Si nous observons attentivement notre vie, nous verrons très bien que nous vivons inconsciemment dans l’intermédiaire entre la cause et l’effet, soit le domaine de l’expérimentation qui est la relation. De plus, nous ne sommes pas conscient de ce que nous sommes et nous ne sommes pas conscients de nos sentiments véritables. La dimension de la relativité est le domaine de l’expérimentation, tandis que la dimension de l’être est celui de l’absolu ou rien n’existe en dehors de ce qui est maintenant. Notre difficulté consiste à croire que nous devons utiliser la même approche, la même formule dans la dimension relative et celle absolue afin de changer ce que nous trouvons inconfortable.

Le domaine absolu est d’où nous sommes et celui de la relativité est pour nous permettre de sentir qui nous sommes. Il y a une grande différence entre être aimable et faire une expérience aimable qui nous apporte un sentiment aimable, nous savons tous cela. Il y a également une grande différence entre dire que nous nous connaissons et expérimenter qui nous sommes. C’est ici que nous pouvons utiliser la relation afin d’expérimenter qui nous sommes.

Par contre, nous cherchons plutôt à dire aux autres qui ils sont et qui ils devraient être. Cette distraction est en vérité une forme d’évasion pour fuir qui nous sommes et chercher à devenir meilleur ou plus puissant qu’un autre. Lorsque nous disons ou ordonnons aux autres ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, ce qu’ils doivent avoir ou ne pas avoir ou ce qu’ils doivent être ou ne pas être, est-ce que nous sommes conscients en ce moment de ce que nous faisons, ce que nous disons, ce que nous sommes et ce que nous désirons ? Vous n’avez pas besoin de moi pour voir la vérité, elle entre tout seul sans chercher ce qu’elle est.

Nous ne nous intéressons guère à l’autre, bien que nous en parlions beaucoup, en réalité on ne se préoccupe pas de l’autre. Ce qui nous intéresse d’une relation est dans la mesure de ce qui nous gratifie, nous sécurise et nous satisfait. Notre relation repose uniquement sur nos obsessions ou nos désirs ardents. Observez ceci sans jugement pour comprendre ce fait simplement. Or, éviter de voir un fait, c’est vivre dans le mensonge et l’ignorance qui produiront nos propres souffrances. Comment pouvons-nous prendre conscience de la vérité quand nous vivons constamment dans le mensonge le plus profond ?

Nous croyons qu’une relation est un moyen pour obtenir nos plaisirs et nos désirs, car nous sommes incapables de les combler par soi-même, je dirais plutôt, que nous sommes inconscients de notre pouvoir, de notre capacité créative. Nous comptons sur les autres pour nos besoins sans rien créer de neuf pour nous-mêmes, alors lorsque nos besoins ou désirs ardents ne sont pas obtenus au moyen de la relation, nous cherchons des alternatives pour les manipuler encore plus sans que nous soyons conscients. Ces solutions alternatives sont les menaces, les peurs, les jugements, les conditions et les punitions, tous les moyens sont efficaces pour faire sentir de la culpabilité à l’autre et le faire réagir à partir de la peur. Ce genre de relation, nous la définissons comme étant l’amour, en autant que nous obtenons satisfaction de nos désirs ou nos besoins.

Comment pouvons-nous être en bonne relation, en communion avec les autres quand nous utilisons les gens comme meubles pour notre confort et comme objet pour nos distractions ? Aussi longtemps que nous nous servirons des autres pour arriver à un but, un rêve, une fin ou un motif, nous produirons des conflits et des divisions dans nos relations, qui apporteront des malheurs, des souffrances, des violences et du désordre.

La relation consiste à se comprendre soi-même et non de chercher à combler ses propres besoins selon les autres. Se connaître n’est pas un soi que nous plaçons très haut, mais de nous observer quotidiennement dans nos relations, sans jugement et sans comparaison.

Tant que nous n’utiliserons pas la relation pour se révéler à nous-mêmes, la relation ne sera qu’un moyen pour ne pas être avec nous-mêmes. En vérité, nous voudrions que la relation nous apporte quelque chose, ainsi ce qui nous intéresse est notre idée. Cette idée n’est qu’un but, un rêve à réaliser selon ce que nous avons besoins ou ce que nous désirons ardemment, donc il y a dépendance et ce type de relation nous limite et nous conditionne à notre idée finale, causant alors toute sorte de souffrance.

Tant que notre bien-être dépend d’un autre, il est inévitable que cette dépendance crée la peur qui fait naître la souffrance. Dans une relation, c’est soi-même qu’il faut garder présent à l’esprit et non l’autre. Ceci ne veut pas dire de s’isoler des gens par nos désirs égocentriques, mais se rapprocher par notre désir de bien-être pour tous les deux.

Ce n’est pas un but commun qui relie les gens ensemble, car un but est une idée illusoire qui est abstraite. Cette relation repose sur une idée et la pensée devient donc plus importante que le bien-être ou le sentiment de bien-être pour chacun dans la relation. La pensée cherche à demeurer dans le connu et ainsi se protéger d’un quelconque inconfort possible. Cependant, ce qui relie les gens est le problème actuel qui est l’intention au départ, le sentiment d’être ou la conscience d’être. Nous observons que le besoin est ce qui nous empêche d’être libre de toute emprise. Le besoin est une idée que nous croyons pouvoir obtenir pour être heureux ou pour survivre, donc une idée ou une croyance est une illusion qui n’est pas véritable en ce moment même.

Alors, le besoin de chose pour notre survit ou pour être heureux nous garde prisonnier de l’esclavage et c’est ce pouvoir illusoire qui tient également l’autorité en esclavage en recherchant le désir de pouvoir ou de reconnaissance devant les gens. Ainsi, nous pensons que ceux qui possèdent ce que nous croyons avoir besoin soient ceux qui détiennent le pouvoir et ceux-ci croient être tout-puissants. Pouvons-nous voir sans jugement cette séparation entre les riches et les pauvres ? En réalité, ce sont les croyances qui nous divisent. Nous pensons que les riches donnent plus que les pauvres et nous croyons que les pauvres doivent suivre et imiter les riches pour être heureux, cependant nous ne voyons pas les choses invisibles que les gens sont. Nous sacrifions notre bien-être pour tenter d’obtenir des choses matérielles ou non matérielles afin de prouver notre réussite, notre succès ou notre importance.

Je comprends qu’ils nous faillent de la nourriture, un toit et des vêtements pour survivre, par contre, ce sont nos besoins d’en avoir plus qui cause nos souffrances. Nous avons peur d’en manquer et alors nous cherchons à accumuler des biens, des connaissances et du pouvoir. Ainsi, ce qui engendre nos poursuites est la peur et non l’amour. Nous croyons que plus nous aurons accumulé et plus nous serons heureux. Pourtant les riches en veulent de plus en plus et ils ne voient pas que ce mouvement n’a pas apporté la joie véritable à chaque instant de leur vie. Les gens vont même penser qu’ils évoluent, mais en vérité ce n’est pas l’évolution sinon une accumulation rien de plus qui crée l’illusion de grandeur.

D’autres vont nous parler de rêve, de succès, de réussite, de bonheur, de croissance, d’attitude, de Dieu, d’amour, d’estime et quoi encore. Est-ce que la vie est une création libre de tous les instants ou est-ce une poursuite incessante d’accumulations d’objets ou de connaissances pour croire en notre bonheur ? Je ne juge pas les possessions, je me demande si nous sommes conscients de ce que nous croyons, pensons, disons, faisons et sentons à chaque instant dans nos relations ? Ces observations ne peuvent pas être perçues ailleurs que dans le moment présent et pourtant nous fuyons la vie vers des idéaux de ce qui devraient être.

Le besoin crée nos attentes futures et notre esprit imagine des moyens ou des solutions pour les obtenir sans observer ce qui est en ce moment. Ce qui est, est la peur. Point final. Nous sommes la peur actuellement et quoi que nous croyions, pensions et fassions, nous produirons les effets de la peur. Chercher à fuir la peur est également ce même mouvement qui fuit ce qui est, donc il nous faut nous comprendre tel que nous sommes, comprendre la peur sans viser un idéal qui sera encore une fois les effets de la peur même si nous inventons et ajoutons des mots différents comme confiance, amour, paix, joie, bien, etc.

Nous avons séparés la cause et l’effet sans véritablement comprendre que peut-être ils sont de la même nature. Si notre pensée a créé le temps pour fuir ce qui est, alors est-ce possible que cette même pensée utilise ce processus erroné pour chercher un coupable extérieur et ainsi éviter de comprendre notre entière responsabilité dans les évènements ou les effets que nous vivons ? Nous souffrons et ce n’est pas la faute de personne, mais nos choix inconscients qui ont produit ces résultats. La difficulté est d’observer sans jugement, que peut-être nos choix furent selon nos croyances et conditionnements que la société nous a obligés de faire ou de choisir ? Nous rendons un culte à l’imagination créative, sans comprendre ce qu’est l’imagination et de quelle façon notre esprit reçoit les images provenant de notre environnement. Si notre monde est dans la confusion totale, l’égoïsme, la violence, les guerres et les colères, alors les images que nous captons par notre propre imagination vont produirent quelle genres de pensées ? L’imagination n’est pas créative, mais totalement réactive, car une image est un objet connu que nous visualisons, comment pouvons-nous imaginer quelque chose qui n’est pas en image ? L’imagination créative est une contradiction et une abstraction. L’imagination est une réaction, tandis que l’intuition ou inspiration est une action créative, car il n’y a pas de source connue.

L’imagination est notre façon de penser en image. Or, cette pensée n’est-elle pas le produit de notre mémoire ? Sans mémoire nous ne pourrions penser, essayez-le ? La mémoire est essentiel pour comprendre une technique, mais l’est-elle concernant nos états d’être ? En vérité, elle empêche le neuf, le créatif, d’entrer en existence en nous. L’imagination est la mémoire des objets ou des images, ainsi notre imagination est une forme de penser en relation avec les images ou objets, tout comme notre attitude qui est une forme de penser en relation avec les gens. Nos croyances sont une forme de penser en relation avec les idées.

Imagination, attitude et croyances sont les formes de l’expérimentation et nous rendons un culte à tous ceux qui nous informent et qui ont une haute opinion concernant ces trois formes de penser. En vérité, l’expérience est partielle, car ce sont des pensées rien de plus, sans relation directe pour prendre conscience de ce que nous sommes véritablement.

L’imagination, l’attitude et les croyances ne sont pas le point de départ de la création, mais des formes, des résultats, des conséquences de l’expérimentation. Ce qui est essentiel de comprendre ici n’est pas de rendre un culte ou de nier ces formes, mais d’observer si nos expériences sont complètes et non superficielles. Elles le sont si nous n’agissons pas personnellement dans nos relations en fonction de nos choix personnelles de manière consciente. En résumé, nos expériences doivent être complètes en pensée, parole et mouvement afin de sentir en nous ce que nous sommes.

Notre monde actuel nous conditionne à rendre un culte sur la pensée, alors l’action qui est relation n’est pas vécu personnellement, causant alors des expériences incomplètes et confuses, car le sentiment est oublié par les sensations agréables que procure le fait d’obtenir les images ou objets de notre imagination. Les sensations de pouvoir sur les gens que procure le fait d’obtenir nos désirs de puissance et de reconnaissance par notre attitude et finalement les sensations de sécurité que procure le fait d’obtenir les certitudes passées selon nos croyances.


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