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    La dernière souffrance

Chapitre 4

Sous-chapitre A

La réaction de fuir

Percevoir ce qui est, c’est de regarder en ayant l’intention de comprendre la vérité sans distorsion et cette vérité est la nôtre à chaque instant. Aucun maître, aucun politicien, aucun parent et aucun enseignant ou prêtre ne possède la vérité. Ce qui est connu est passé et n’est plus la vérité, mais une pensée, une croyance rien de plus par laquelle nous voudrions demeurer attachés afin de vivre confortable sans être dérangés dans nos habitudes inconscientes. Or une croyance ou une idée est une image et non ce qui est vraie à cet instant. Nous construisons des images en pensée afin de croire et être confortables avec elles pour fuir ce que nous redoutons profondément, soit la relation directe avec quelqu’un. En vérité, c’est notre ignorance de ce qu’est la relation qui cause cette peur.

La souffrance est simplement le fait de viser un idéal de bonheur permanent que nous identifions comme étant la sécurité ou de tout autre mot que nous jugeons de bien. Comment savons-nous ce que le bien ou le mal est, si nous donnons raison aux autres sans l’expérimenter librement selon nos choix ? Mais qu’est-ce qui crée en nous cette constante approbation envers les autres pour dicter nos choix ? Qu’est-ce qui se passe véritablement ? Sommes-nous entrain de fuir vers des idéologies provenant de cette pensée complètement confuse qui cherche à se réaliser en tant qu’individu ?

Fuir est la réaction de ce que la peur est. Cette peur est ce que nous ne sommes pas. Le monde relatif à sa parfaite raison d’être de créer autre chose au moyen de la peur afin de pouvoir choisir consciemment et librement ce que nous sommes et non ce que nous croyons être. Tant que nous suivrons les autres, nos choix seront en accord avec eux et ainsi nous produirons des conditionnements et des croyances qui créeront l’oublie de soi.

Heureux ceux qui souffrent, car en vérité vous n’êtes pas si éloignés de prendre conscience de qui vous êtes. Cependant, si vous souffrez et que vous cherchez à soulager cette souffrance en demandant l’aide de quelqu’un ou en cherchant à trouver les raisons selon votre vieille pensée conditionnée, alors vous vous oubliez encore plus profondément et donnez plus de force à votre souffrance. Nous avons demandé aux autres par le passé de nous aider pour soulager notre souffrance et aujourd’hui elle est toujours là, alors pouvons-nous voir directement cette cause inconsciente de chercher à l’extérieur de nous notre vérité ? C’est ce mouvement qui a créé la souffrance, ce mouvement qui fuit ce qui est vers ce qui devrait être, qui fuit ce que nous sommes vers ce que nous devrions être selon les autres. Est-ce assez évident et simple à comprendre pour vous ? Peut-être que vous n’avez pas encore suffisamment souffert pour voir ce mouvement, cette peur ? La vie est parfaite et tôt ou tard cette occasion, qui se nomme la souffrance, se présentera à votre porte en frappant de plus en plus sourdement pour que vous puissiez l’entendre cette fois-ci.

La peur doit exister pour avoir la possibilité de choisir librement, mais actuellement nous ne choisissons pas librement, nos choix sont tous imposés dès notre jeunesse et en grandissant nous développons des habitudes extrêmement inconscientes. Nous choisissons selon les images et les idées que notre environnement nous envoie et cette information se limite à nos cinq sens. Ainsi, nos choix sont en fonction de nos sensations corporelles et non en fonction de ce qui est véritable.

Notre corps, notre objet physique, notre image extérieure, utilisez le mot que vous voulez, est ce que nous croyons être. Nous désirons obtenir uniquement des sensations corporelles et ainsi nous oublions qui nous sommes. Lorsque nous observons nos différences physiques, il apparaît évident que nous soyons des individus séparés, mais le monde relatif, le monde de l’expérimentation, apporte cette illusion afin de pouvoir prendre conscience librement de la véritable nature de l’être. Nous ne sommes pas séparés, mais uniquement en apparence.

La peur est toujours reliée avec une idée, une chose ou une personne, donc la peur est notre refus ou notre ignorance de comprendre la relation. Chercher une solution pour se libérer de la peur sans comprendre ce qu’est la peur est encore une fois la peur de ne pas être relié avec la peur elle-même. Je ne sais pas si vous comprenez ? Chercher une solution sans faire entrer en existence l’inconnu, le neuf, est en vérité fuir et fuir signifie ne pas comprendre la relation, ne pas être relié avec le moment présent.

Parce que nous sommes conditionnés à obtenir nos sensations par nos possessions qui peuvent être des objets, des connaissances ou des personnes, alors nous devenons dépendants, attachés et possédés, nous avons peur de les perdre. Ainsi, nos relations actuelles reposent sur nos besoins et elles créent la peur qui apporte ensuite nos souffrances et nos douleurs. Il nous faut donc comprendre ce que nous sommes dans nos relations pour que la peur et la souffrance disparaissent sans faire de lutte ou d’effort qui est en réalité, des résistances qui recréent la peur et finalement les effets de la souffrance.

La question n’est pas comment faire pour vaincre la peur ou la souffrance, mais bien de comprendre ce qu’est la relation. Apporter des principes, des techniques éprouvées et des façons efficaces concernant le domaine des relations humaines est une des formes d’ignorance la plus destructive, car la relation ne peut pas être quelque chose que la pensée peut comprendre. Nous ne pouvons pas être préparé à être relation, car « être préparé », c’est tenter de vivre dans le confort que procure une idée connue. Ce genre de situation est encore une fois le mouvement de la peur, fuir ce qui est vers ce qui devrait être.

Comprendre la relation est toujours de nous voir dans l’actualité de ce qui est maintenant. Y penser c’est ne plus être relié avec l’instant présent. Lorsque nous vivons au moment présent, nous ne pouvons pas penser à ce que nous devions faire, sentir, avoir ou être, mais bien à ce que nous sommes entrain de faire, d’être, d’avoir et de sentir. Pouvons-nous voir la différence ? Être en relation, c’est d’être en même temps et au même lieu sans chercher à réaliser des idéaux individuels, mais d’être bien ensemble.

Ainsi, le comportement idéal, la personnalité idéale ou l’attitude positive idéale n’existe pas même si nous voudrions le trouver, le comportement est notre façon d’être dans la relation et une relation est ce qui est maintenant à chaque instant. Le comportement idéal est une fuite concernant ce que nous sommes actuellement.

Ce que la plupart des gens désirent, c’est une solution à faire, un moyen idéal qui les satisfait. En vérité, ils cherchent à fuir ce qu’ils sont. Alors nous cherchons le plus souvent à poser comme question, comment faire pour se libérer de la souffrance ou de la peur qui recrée cette souffrance. Nous ne voyons pas la cause qui crée l’effet, parce que le temps ou notre pensée crée l’illusion. Nous ne faisons pas le lien entre la cause et l’effet produit qui est souffrance. Chercher comment faire apporte l’intervalle entre la cause et l’effet, soit l’expérimentation, mais il n’y a pas de nouvelle expérience lorsque l’idée originale est cette même inconscience. Le connu est ce qui est inconscient, car en répétant le connu, nous créons une habitude inconsciente.

Nous vivons dans un environnement qui nous conditionne à chercher la sécurité physique et émotionnelle en créant des systèmes qui nous garantissent les solutions à nos problèmes. Sans s’en rendre compte, nous sommes limités par nos croyances et obligés d’échanger notre liberté afin d’obtenir l’objet de nos désirs. Bien que nous ayons des systèmes de santé, d’éducation, d’économie, de justice ou tout autre aussi valable et évolué, un système est et sera toujours une forme de prison pour ne pas prendre soin de soi et ainsi compter sur quelque chose de plus grand pour compenser notre irresponsabilité personnelle.

Nous cherchons constamment la sécurité, l’avez-vous observez ? Pour l’amour du ciel êtes-vous conscients de vous-mêmes ? Depuis notre naissance on nous a blessé, critiqué, jugé, renié, obligé et ordonné, pouvez-vous le voir et non simplement lire ce qui est écrit ici ? Si vous ne vous voyez pas, alors pouvez-vous regarder autour de vous et observer sans jugement ces faits pourtant si simples que les enfants subissent constamment ? Maintenant observez attentivement les gens qui agissent de cette façon avec eux ? N’attendez pas que je vous le dise, mais regardez avec votre cœur ? Peut-être préférez-vous dissimuler, cacher la vérité ? C’est la vérité qui libère et non tous les efforts ou les excuses que nous faisons pour s’en libérer. Pourquoi cachons-nous, maquillons-nous la vérité ? Pourquoi avons-nous peur de simplement regarder les faits tels qu’ils sont ? Vous savez aussi bien que moi, que ce sont les parents, les enseignants à l’école, les adultes qui cherchent inconsciemment à prouver qu’ils sont meilleurs, qu’ils ont raison et qu’ils sachent et les enfants ne sachent pas. Les gens près de nous provoquent les souffrances dans les relations et nous les imitons sans nous en rendre compte.

Les enfants désirent seulement être bien et être protégés par leur parent, mais ce que nous faisons c’est de créer de l’insécurité en eux en cherchant à les dominer, les manipuler et les blesser. Ensuite, nous disons que ceci est l’amour. En vérité, nous les avons rendus inconfortables dans les relations par nos critiques, nos jugements, nos reniements et nos ordres afin qu’ils fassent ou ne fassent pas ce que nous voudrions pour satisfaire nos plaisirs et désirs égoïstes. Ne dites pas que ce n’est pas vrai, regardez-vous et voyez cette vérité à chaque instant. J’ai bien dit de vous regarder et non de vous juger.

Les enfants veulent simplement aimer et se faire aimer, être apprécier et être ensemble en jouant avec les gens. Pourtant nous les blessons et nous les obligeons à faire ou ne pas faire les choix qu’ils peuvent décider pour eux. Nous voudrions qu’ils nous imitent et nous y arrivons par les menaces, les conditions, les punitions, les condamnations et surtout les récompenses. Ce n’est pas les enfants qui créent les problèmes, mais les adultes qui ne comprennent pas le sens des relations, produisant les effets de la souffrance et les conflits perpétuels.

En grandissant, notre idéal est de rechercher à tout prix la sécurité dans une relation permanente, une situation permanente, des biens permanents et des croyances permanentes. Nous vivons dans la peur et nous produisons inconsciemment les effets de la peur. Les relations avec les gens sont ce qui nous fait le plus de peur et de souffrance, car depuis notre naissance, nous avons ressentis tellement de culpabilité et d’inconfort en relation avec nos parents et nos proches. 

Nous croyons que nous aimons nos enfants, notre conjoint et nos amis, mais nous sommes jaloux, possessifs, hypocrites, malhonnêtes et méfiants. Nous disons aimer notre femme, mais si elle nous quitte, nous nous vengeons, nous cherchons à la blesser, vous connaissez toutes ces folies ? Nous disons aimer nos enfants, mais s’ils n’obéissent pas, nous les punissons. Nous disons aimer notre patrie et nous tuons les gens pour le prouver. Nous disons nous aimer et pourtant nous fuyons nos vérités, nos sentiments. Quel genre d’amour est-ce ? Est-ce des conditions et des échanges ? Sur quoi sont basées nos relations ? Sur des désirs, des symboles, des sensations, des images et des idéaux que nous voudrions obtenir, posséder ou acquérir n’est-ce pas ?

En vérité, nos relations sont utilisées pour combler nos désirs et nos besoins individuels que notre esprit cherche à obtenir pour être en sécurité et être confortable. Nous sommes en état de confusion, de division, car nous sommes séparés par nos poursuites égoïstes individuelles. Nos convictions depuis notre naissance sont de fuir les relations véritables qui sont sources de souffrance en nous. Nous recherchons la sécurité qui est engendrée par la peur.

Les blessures profondes que nos parents et proches nous ont fait ressentir, sont les effets actuels de notre vie. Nous n’apercevons pas clairement le lien entre la cause et l’effet, car le temps crée l’illusion qui fait que nous oublions, que nous ne voyons pas ce qui a créé, a causé nos souffrances. Jamais nous ne voudrions croire que nos parents soient ceux qui nous ont causé le plus de confusion dans les relations, mais pouvons-nous comprendre qu’ils étaient eux aussi dans la confusion et l’ignorance ?

Je ne suis pas entrain de chercher les coupables de nos souffrances, mais de comprendre sans jugement ce qui est. Cacher les faits c’est vivre dans le mensonge et créer des illusions qui sont sources de souffrances continuelles.

La peur c’est le temps inventé par nos esprits qui cherchent à fuir le présent, le sentiment, l’être ou la vérité. Nous vivons dans les illusions, le mensonge, la confusion et l’inconscience. Nous utilisons notre esprit, cet outil remarquable que nous avons, pour inventer uniquement des moyens pour fuir et rechercher la sécurité dans les sensations du corps. Les sensations sont les récepteurs de notre corps, mais nos sentiments sont les vérités de notre être. Nous ne sommes pas un corps humain, mais un être avec un corps humain. Il est bien de vivre des sensations, mais pourquoi être limités à ces plaisirs superficiels ? Pourquoi ne pas être entier, total ? Se limiter aux plaisirs du corps, c’est recréer la souffrance dans notre monde, car l’amour n’est pas quelque chose que l’esprit peut concevoir par la pensée, qui elle est le produit de la mémoire, donc du passé connu.

La pensée doit comprendre par elle-même que la peur est sa propre création lorsque elle fuit la vérité du moment présent au moyen du désir de sécurité et du désir de se réaliser individuellement. L’amour n’est pas du domaine de l’esprit et ne peut pas être compris par la pensée. Nous ne pouvons pas devenir moins peureux ou moins souffrants par le désir de l’esprit, car en vérité ce mouvement du désir est encore une fois celui de la peur. La transformation débute immédiatement lorsque nous observons profondément ce mouvement sans réagir en cherchant à faire quelque chose pour arriver à un but qui est déjà connu, donc le même passé qui est souffrance.

Ce qui définie l’amour ne sont pas les mots et les descriptions que nous inventons continuellement, mais bien ce que la peur est. D’accord ?


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