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    La dernière souffrance

Chapitre 4

Sous-chapitre C

Le mouvement de l’esprit confus

Nous croyons être très évolués, car nous avons inventés des techniques et des moyens pour aller plus vite, plus loin et plus haut. Depuis le frottement de deux pierres pour faire du feu jusqu’à l’avion à réaction. Par contre, qu’en est-il de nos relations avec les êtres humains ? Avons-nous évolués autant que les choses faites par la main et l’esprit de l’homme ? Nous continuons à vivre dans les conflits, les souffrances, les guerres, les ambitions et les compétitions de plus en plus féroce. Peut-on parler d’évolution ici ? Dans le domaine des relations avec les gens, nous sommes encore à l’âge de pierre n’est-ce pas ?

L’esprit confus va chercher désespérément à changer, à améliorer le monde en apportant des solutions afin de modifier les sociétés. En vérité, personne ne semble comprendre que chacun de nous doit se connaître, se transformer avant tout, pour créer un impact dans notre société. La société est un résultat de nos relations, elle est donc statique et non active. Se connaître ne peut pas être selon un livre, une technique, un principe ou une solution, mais de nous observer dans nos relations avec les gens, les choses et les idées. S’observer n’est pas de penser comment nous allons être et quelle façon ou principe nous utiliserons, car ceci sont des idéaux illusoires et non des faits actuels.

L’important est le fait que nous souffrons et non de penser ou de raisonner au sujet de la souffrance. Le divertissement intellectuel ne crée rien de concret et de nouveau, car il bavarde sans rendre compte. Les faits sont ce que nous sommes en ce moment et non des constructions de la pensée, qui elle cherche à se protéger, fuir dans les croyances. Chercher à faire ce qui nous semble juste et bon, sans se regarder dans nos relations est encore une fois quelque chose pour fuir ce qui est. C’est cela la véritable intelligence. Voir les faits sans jugement et non les idées concernant ce qui devrait être bien ou mal.

Nous ne sommes pas conscients de qui nous sommes, alors ce qui nous intéresse sont nos plaisirs uniquement au niveau du corps et de l’ego. Ces plaisirs sont limités aux sensations que nous procurent les images ou objets, soient des plaisirs corporels et des sensations de pouvoir sur les autres. Si nous sommes un peu plus conscients, alors nous élevons ces plaisirs pour inclure ceux de l’âme, soient les sentiments et la totalité de l’être. L’esprit est l’énergie de transformation pour créer nos sensations ou nos sentiments, il n’est pas la plus haute source de notre puissance, car il y a quelque chose de beaucoup plus puissant que notre esprit, mais si nous ne sommes pas inconscients ou nous sommes concentrés sur nos ego, alors nous croirons que notre esprit est la force première.

Chercher à changer pour devenir meilleur, s’améliorer ou augmenter notre estime personnelle est l’affirmation d’une grande et profonde confusion. Il ne suffit pas de faire quelque chose pour être ou devenir une meilleure personne, soit un but visé, mais de comprendre d’abord cette confusion en nous. Tout mouvement vers un idéal est illusoire et provoque la souffrance, car ce mouvement est la peur de ne pas être relié avec ce qui est afin de pouvoir comprendre sans distorsion la cause ou la source de ce mouvement.

Être bon et devenir bon est en réalité deux choses différentes, de même qu’être libre et devenir libre. Chercher à devenir est un processus erroné dans la mesure où nous ne sommes pas conscient de nous-même, ce processus consiste à se comparer, à se mesurer entre ce qui est et ce qui devrait être. Le ce qui est, est ce que nous sommes maintenant et le ce qui devrait être est ce que nous ne sommes pas maintenant. Pouvons-nous observer que nous jugeons mal ce qui est et que nous visons constamment un idéal que nous jugeons, étiquetons de bon qui se nomme ce qui devrait être ? Comment affirmer ensuite que nous nous aimons ? Nous fuyons qui nous sommes, car nous croyons que nous sommes mauvais en ce moment, alors nous n’aimons pas être avec nous-mêmes.

Par cette simple observation, il nous apparaît évident et inutile d’apporter d’autres solutions ou moyens pour être heureux, car c’est créer plus de souffrance. La seule et unique chose que les esprits confus ou ceux pleins de connaissances (qui veut dire la même chose) n’ont pas ou ne sont pas capables de comprendre est le fait de comprendre ce qui est, ce que nous sommes. Aller demander aux autres de nous apporter la lumière pendant qu’ils sont dans les ténèbres est une décision complètement absurde et insensée. Sommes-nous d’accord ?

Nous vivons dans un environnement de douleur, de souffrance, de brutalité, de méfiance, d’égoïsme, de compétition et de confusion qui nous conditionne depuis notre naissance à penser, faire, avoir et être selon des cadres ou des croyances particulières. Nous parlons de liberté, mais toutes les nations cherchent à imposer des règles et des lois pour empêcher cette même liberté d’agir en proclamant qu’ils doivent le faire pour que nous puissions vivre dans un lieu paisible et aimable, avez-vous constater cette paix et cette amour dans notre société ?

Nous sommes totalement conditionnés à devenir le produit de ceux au pouvoir et ceux au pouvoir sont totalement conditionnés à croire qu’ils ont raison. Nous avons oublié qui nous sommes en cherchant à réaliser des buts et des rêves individuels et c’est ce mouvement qui crée les souffrances, les divisions et les conflits dans notre monde. Nous sommes aveuglés par nos poursuites et jamais nous voyons et comprenons ce que nous sommes à chaque instant.

Nous voudrions devenir des gagnants, parce que notre enseignement nous a conditionné à chercher cet idéal, mais jamais nous observons ce qui engendre en nous ce désir. Nous croyons que le rêve est l’énergie qui nous motive à agir, mais nous ne sommes pas conscients de ce que nous sommes et ce que le désir est. En vérité, se pourrait-il que notre désir de gagner soit engendré par la peur de perdre ? La peur est le fait actuel et le rêve est l’illusion, l’idée. Or, c’est ce qui est qui est source d’énergie et non ce qui devrait être.

Plusieurs ne sont pas d’avis sur ce point et j’en suis conscient. Mais ceux qui ne sont pas de mon avis, êtes-vous conscients de vos pensées conditionnées à chercher à gagner ou à avoir raison ? Lorsque nous avons une faim de loup, qu’est-ce qui nous pousse à aller manger, est-ce la nourriture ou est-ce le fait que nous sommes, que nous sentons quelque chose en nous qui nous active ou motive pour trouver de la nourriture ? Si nous n’avons pas faim, serions-nous tentés d’aller manger ? Bien sûr que non, donc l’idée n’a aucun pouvoir énergisant. Nous sommes l’énergie et non l’image ou l’idée qui sont des illusions. Me comprenez-vous ?

On peut avoir des possessions ou de l’amour, mais on ne peut pas avoir les deux. On cherche à remplacer le vide en nous au moyen de biens, de connaissances, de pouvoir, etc., mais ce que nous remplissons n’est pas l’intérieur sinon l’extérieur qui crée l’image de soi ou l’ego. D’un autre point, remplir notre esprit de mots et de connaissances n’est pas utile pour comprendre le neuf et les relations, car un esprit plein a peu de place pour faire entrer l’inconnu, les inspirations. En vérité, si je cherche à accumuler des connaissances, serais-je entrain de fuir une possibilité d’inconfort en relation avec les autres qui peuvent connaître quelque chose dont je ne sais pas ? Le fait d’avoir peur de dire « je ne le sais pas », est le fait d’une personne qui cherche à prouver sa grandeur, son ego.

La pensée est actuellement confuse, parce que nous ne sommes pas conscients de notre propre structure de penser. Chercher à comprendre notre façon de penser au moyen de notre propre façon de penser est encore une fois dans le champ de notre inconscience. 

Nous utilisons le mouvement de la peur qui consiste à chercher quelque chose de nouveau, mais qui en fait est le résultat de notre propre pensée conditionnée. On ne peut trouver quelque chose que nous ne connaissons pas, donc ce que nous découvrons est toujours le connu et non l’inconnu. Nous cherchons la paix en étant dans le désordre, alors comment pouvons-nous reconnaître ce qu’est la paix ? C’est une sensation que nous cherchons au moyen des mots que nous avons entendu et avec ces mots nous croyons savoir ce qu’est la paix. Il y aura de la paix, lorsque nous comprendrons notre désordre intérieur, qui se manifeste extérieurement. Ce processus n’est pas deux processus, mais bien un seul.

La souffrance existe et continue d’exister avec plus de force lorsque nous cherchons une échappatoire pour la fuir au moyen de mots habiles et rusés que les autres ou nous-mêmes avons inventés. En fait, ils sont des idées rien de plus. Avez-vous déjà essayé de combler votre faim avec des mots et des idées ? Combien de fois avons-nous été consultés les autres pour chercher à être bien au moyen de leurs mots ? Il se peut que cela produise un certain soulagement temporaire, mais sommes-nous conscients de ce qui se passe à l’instant en nous ? Est-ce que les mots peuvent véritablement créer la fin de la souffrance ? Je vous le demande sincèrement, pourquoi aller voir quelqu’un pour notre bien-être ?

Sommes-nous si insuffisant de nous comprendre ? Sommes-nous si endormis à ce point ? Comment quelqu’un avec un long titre et ayant plein de connaissances passées peut-il comprendre un problème qui est toujours nouveau et actuel ? Ce n’est pas la souffrance qu’il faut comprendre, mais d’être attentif au souffrant, car si nous sommes concentrés sur la souffrance, nous créons alors une division entre ce qui est et ce qui devrait être. Ainsi nous oublions le souffrant, l’être humain, au profit de la souffrance et cherchons des solutions pour vaincre la souffrance.

Voila où nous sommes rendus en tant qu’espèce vivante sur cette planète, les mots qui sont des idées exprimées, sont plus importantes que les êtres humains. Alors nous vénérons l’éducation, l’enseignement et les sensations agréables ou sécurisantes, au lieu des relations qui est l’outil pour prendre conscience de qui nous sommes à chaque instant et évoluer dans la paix, la joie et l’amour.

Tant que nous chercherons et voudrions arriver à se réaliser individuellement, nous créerons des conflits, des souffrances et des divisions entre-nous. L’esprit confus cherche à devenir meilleur et l’esprit en paix comprend qu’il est déjà ce qu’il cherche à devenir. Il n’y a rien à faire pour être, il suffit d’être attentif à ce que nous pensons, faisons et sentons à chaque instant. C’est alors que le neuf, l’inconnu, la chose que nous ne pouvons identifiée par notre esprit craintif, entre en existence. Agir ensuite sans jugement et sans douter de nous ou de la source de la solution, c’est être libre et détaché des attentes.


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