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    La dernière souffrance

Chapitre 5

Sous-chapitre B

Le neuf

Le neuf ou l’inconnu ne peut pas être expliqué au moyen des mots, car si nous le faisons, c’est qu’en vérité, ceci n’est pas l’inconnu, mais le connu. De quelle façon l’inconnu, le neuf entre en existence ? Il se pourrait que cette interrogation puisse parcourir votre esprit ici et j’en suis très conscient. Cependant, je ne suis pas votre source d’autorité et non plus votre enseignant. Si nous comprenons ensemble que toute information provenant des autres, concernant notre bien-être et non les choses techniques, ne peut pas être le neuf, alors nous sommes libres d’accepter ou de refuser les paroles des autres, car nous voyons clairement qu’ils ne peuvent pas être notre propre vérité. Cette prise de conscience n’est-elle pas une transformation immédiate ?

 Par exemple, si je cherche une solution pour être en santé physique, par habitude je vais le demander aux gens qui connaissent le problème. Par contre, ces mêmes gens se connaissent-ils dans le sens, sont-ils conscients d’eux-mêmes en ce moment ? Non, car notre environnement cherche constamment à dominer l’autre, à avoir le pouvoir sur l’autre et par ce fait, se réaliser individuellement comme une personne meilleure que l’autre. Ainsi, je comprends que la plus grande cause de la confusion et la souffrance est celle de fuir dans le connu. Alors qu’est-ce que je suis en cet instant, quelqu’un de malade ou quelqu’un de bien portant ? Pourtant, c’est lorsque nous sommes biens que nous créons nos plus grandes souffrances, car nous ne faisons rien pour notre bien-être corporel, spirituel et relationnel. Nous réagissons quand quelque chose ne va pas bien en nous et cette réaction est toujours malavisée, car nous fuyons au lieu de comprendre ce qui est.

Sachant ceci, je me demande alors, pourquoi ne pas me posez cette même question à moi au lieu de me soumettre et devenir esclave des autres ? De plus, au lieu de me forcer à obtenir des garanties de réponses à ma question, pourquoi ne pas lâcher prise et me dire que la réponse arrivera sous forme de quelque chose que je ne connais pas, donc une surprise que je ne m’attend pas de recevoir ? Me suivez-vous ? Est-ce que je vais lentement ?

Ma solution concernant mon problème est ma solution à moi et non la vôtre, de même que votre nouvelle idée ou inspiration vous concernant n’est pas transférable à un autre. Les problèmes sont créés lorsque nous cherchons à reproduire les mêmes expériences afin d’arriver aux mêmes résultats, ce que nous définissons comme étant les habitudes. Par ce fait, nous sommes en conflits avec la nature, avec notre nature. Nous ne sommes pas des imitateurs, nous sommes des créateurs. La création est toujours nouvelle, par contre lorsqu’il y a imitation, la création n’est plus possible.

En vérité, il n’y a pas de nouvelle création de nos états d’être proprement dite, mais quelque chose de nouveau sans être conscients. Être conscient de ce que nous sommes inconscients d’être est la plus grande conscience. C’est se faire confiance totalement en sachant sans aucun doute, que l’inconnu, le neuf qui entre en existence, est notre vérité actuellement. Agir par la suite est ce que la liberté est, soit l’expression de l’amour. Nous ne savons pas ce que seront les résultats, mais nous ne doutons pas qu’ils sont pour notre plus grand bien-être, même si ce que nous sentons est désagréable.

Plusieurs vont parler d’inspiration, d’intuition, de révélation, de méditation, de prière et toute sorte de mots. L’essentiel n’est pas de définir en mots l’inconnu, le neuf, mais de comprendre ce que le connu est. Ce sont les mots qui font obstacles à la vérité et à ce que nous sommes, car ils sont toujours du passé, du connu ou de la mémoire. Le temps est une construction de notre pensée pour fuir la vérité.

La solution à la souffrance n’est pas au moyen des mots, mais lorsque nous voyons que l’esprit ne peut pas comprendre lorsqu’il bavarde sans cesse. C’est lorsque nous comprenons que la souffrance est ce que nous sommes, alors on ne peut plus rien faire à son sujet, on ne la fuit plus, on ne la juge plus, car c’est nous-mêmes. Ainsi la souffrance parvient à sa fin.

Bien que nous soyons tous pressés de chercher quelque chose pour ne plus être inconfortable, cette réaction est celle que nous avons été conditionnés à faire. Ce conditionnement n’a rien à voir avec le corps, car un conditionnement ou habitude inconsciente est toujours reliée avec notre pensée. Les habitudes se créent lorsque nous ne choisissons pas consciemment ce que nous désirons. Nous avons même une habitude de croire qu’il y a de bonnes et de mauvaises habitudes. La question importante n’est pas de juger les habitudes, mais de comprendre ce qu’est une habitude.

Faute d’être conscient de ce qu’est une habitude, nous créons des habitudes dans notre façon de penser et alors nous devenons des êtres mécaniques, des machines sans vie. Est-ce ainsi que vous voulez vivre ? Nous perdons toute sensibilité, toute beauté, toute innocence et toute spontanéité qui caractérise les enfants. Je comprends que certaines habitudes sont nécessaires pour les domaines techniques et pratiques, mais pourquoi les rechercher dans les relations ? Pouvons-nous voir notre désir de sécurité qui refait surface ? Ce désir a sa source dans notre peur d’être avec notre sentiment présent, avec ce que nous sommes. Depuis notre enfance on nous a obligé à fuir qui nous sommes vers ce que nous devrions être, alors nous cherchons les bonnes habitudes pour créer des croyances de bonheur et de joie. En vérité, ce n’est pas le bonheur ou la joie, mais simplement notre pensée à leurs égards.

Le neuf ne peut pas être une pensée ou une idée, car elles sont le résultat de la mémoire, qui est toujours du passé. Pour comprendre le neuf, l’inconnu, nous devons être libérés du connu qui nous empêche d’être attentif. Le connu est notre mémoire, nos croyances, nos traditions, nos habitudes, nos conditionnements, nos obligations, nos certitudes, nos conforts, notre sécurité, nos attentes, nos garanties, en résumé, notre passé et notre avenir en tant qu’idée. Je ne dis pas de rejeter le passé, mais de prendre conscience de ce qu’il est au juste et choisir de le changer librement lorsque de nouvelles vérités sont vécues.

Pourquoi n’avons-nous pas mis fin à la souffrance dans ce monde ? Nous avons des cerveaux de plus en plus instruits, des méthodes et des moyens en nombres importants et des spécialistes de plus en plus spécialisés dans tous les domaines ? Que se passe-t-il exactement ? La vérité est toute simple à comprendre, c’est l’esprit qui créé la souffrance et nous croyons qu’il est capable de créer autre chose. Nos esprits sont complètement confus, stupides, égoïstes et pleins de haines et nous voudrions que ce même esprit arrive à créer autre chose. Tout mouvement de l’esprit confus consiste à chercher à fuir et se réfugier dans des habitudes confortables. Ne le voyez-vous pas ?

Aucune personne ne peut aider un autre à être libéré de la souffrance, car l’aide apporter est en fait une fuite vers un idéal que la pensée imagine. Cet idéal est celui de vouloir se réaliser individuellement, devenir meilleur que l’autre, alors comme résultat dans nos relations, nous produisons la souffrance, l’ignorance et l’inconscience de qui nous sommes.

L’inconnu, le neuf, la vérité, n’est pas dans un livre, une parole, un maître ou un chef, mais en nous-mêmes. Pour se connaître, nous devons nous observer directement dans nos relations avec les gens, les choses et les idées. Observons nos pensées, nos désirs, nos contradictions, nos réactions, nos paroles, nos gestes et nos sentiments. Observons tous les mécanismes que nous utilisons et faisons pour fuir cette simple vérité à chaque instant et peut-être pourrions-nous enfin comprendre et être libre de toute souffrance en nous et hors de nous.

La souffrance est une bénédiction pour l’être humain qui n’est pas conscient de lui-même. Celui qui fait souffrir les autres est encore moins évolué en conscience que celui qui subit la souffrance, mais ici il est essentiel de ne pas juger les gens, mais d’accepter la perfection de la vie. En vérité, celui qui souffre, la choisi et la désiré inconsciemment pour créer une occasion afin de se connaître et s’aimer. Il n’y a pas de méchants, mais uniquement des gens inconscients de qui ils sont.


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