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    La dernière souffrance

Chapitre 5

Sous-chapitre C

La joie constante

La joie n’est pas le plaisir ou les sensations agréables que procure une fin convoitée. Chercher la joie, c’est s’éloigner d’elle, car elle n’est pas une illusion future que nos esprits inventent. La souffrance et son contraire le plaisir sont reliés ensemble au moyen du désir qui fuit la souffrance afin d’obtenir du plaisir. Cette vie est celle de la contradiction ou la confusion qui engendrent nos conflits, nos guerres, nos brutalités et nos avidités de tous les jours. La joie n’est pas du domaine de la relativité, de même que l’amour, la paix et la vérité. Plus nous cherchons, luttons et travaillons à les acquérir au moyen de notre pensée tordue et plus nous créons l’effet opposé. En vérité, chercher quelque chose, c’est affirmer que nous ne l’avons pas présentement, me comprenez-vous ? Ce moment présent est la cause qui crée nos effets, alors si nous cherchons le plaisir sans être conscient de ce que nous sommes, en réalité nous sommes dans un état de non plaisir. Cet état est notre vérité et nous la fuyons, nous avons peur, alors que croyons-nous produire avec cet état ?

Ce mouvement du désir est ce qui crée toute sorte d’habitudes que nous croyons bonnes, que nous jugeons bonnes afin d’arriver à une destination heureuse. Or, est-ce que le bonheur ou la joie est une destination, une fin ? Si c’est une fin, pourquoi ne pas mourir tout de suite ? Pourquoi sacrifier notre vie à fuir le moment présent ? Nous vivons d’images et de mots, qui sont des abstractions, des illusions que nous pensons pourtant être la vérité.

L’essentiel n’est pas de trouver le meilleur moyen pour arriver à créer un monde meilleur ou une vie meilleur, mais de comprendre la relation que nous entretenons à chaque instant avec les gens, les choses et les idées que nous pensons. Chercher un moyen, un rêve, une solution est une illusion qui n’est pas réel à cet instant. Ce qui est réel, c’est le fait d’être maintenant. Le fuir par toute sorte d’échappatoire agréable ou sécurisante est ce qui recrée les douleurs, les souffrances et les violences. Le fuir c’est éviter de nous comprendre et nous aimer. Vivre sans principes, sans croyances et sans idéaux, c’est vivre totalement et simplement avec ce qui est et l’aimer.

Nous pouvons influencer le monde si en nous-mêmes nous menons une vie sans violence, sans colère, sans compétition et sans désir de devenir un meilleur individu. Nous avons créé ce monde à cause de nos désirs égocentriques de se réaliser individuellement, ce qui apporte nos haines, nos croyances, nos nations et nos colères. Je dois me transformer d’abord et non essayer de transformer ce monde qui est la projection de ce que je suis en relation avec mes proches. Un esprit dans la confusion ne peut rien transformer, il provoquera encore plus de confusion quoi qu’il fasse et combien d’instruction il possède. La joie n’est pas une fin et elle n’est pas l’opposée de la tristesse. Elle est ce qui est lorsque nous comprenons directement et sans jugement, ce que la souffrance et le plaisir sont. Le bien et le mal ne sont pas ce que nous pensons ou croyons, mais bien ce que nous sentons.

Si nous sommes en relation avec une autre personne, alors le bien et le mal est ce que nous sentons chacun, il n’y a pas de séparation créée par nos esprits confus qui cherche à prouver ou à gagner. Le désir d’être est une expérience, tandis que le bien-être est une vérité qui incarne cette même expérience. Le désir d’être est la cause de la souffrance, car c’est l’ego que nous cherchons à rendre réel et non ce que nous sommes. Le bien-être est la conscience de soi-même, de ses choix, ses désirs et ses sentiments. Dans le bien-être, le désir d’être est également présent, mais dans le désir d’être, le bien-être n’est pas. La liberté n’est pas à l’intérieur d’une prison quel que soit son confort et sa décoration. Si nous vivons tous dans une prison, comment pouvons-nous être conscients que nous vivons dans une prison ?

La joie est dans la liberté d’entreprendre quelque chose dans une complète incertitude concernant les résultats et pouvoir choisir à nouveau sans jugement lorsque de nouvelles vérités sont expérimentées.

Qu’est-ce que nous sommes entrain d’être, de faire, d’avoir et de sentir en ce moment ? Voila la fondation de toute intelligence et de toute connaissance de soi. L’oublier c’est ce que nous vivons actuellement.


Copyright © 2004, Les éditions Mélonic