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Citation de Juliet Faure, France

 

Mon âme pleure. Elle pleure depuis déjà plusieurs semaines, peut-être même plusieurs mois. Je ne sais pas, ou du moins je ne sais plus. Je crois avoir perdu la notion du temps. La raison de ce profond chagrin m’est totalement étranger.

A chaque fois que j’ai essayé de la découvrir en tentant de parler à mon âme, celle-ci se mettait à hurler et à pleurer, parfois même elle s’envolait laissant une traînée de poussière d’étoiles derrière elle.

Alors, je me suis résolue à attendre : attendre le calme, attendre le passe du Temps.

Serait-il possible que, dans une insouciance des plus totales, j’aurais perdu quelque chose de moi-même qui serais tel un trésor de pirates aux yeux de ma douce amie qu’est mon âme ?

Mon âme relève la tête, elle semble plus calme. Il semble que j’ai trouvé la raison de sa mélancolie. J’essaye de m’approcher.

Ma prudence est extrême car la peur que mon âme s’envole, comme elle l’a si souvent fait, se fait sentir.

Elle semble vouloir me causer. Cela m’étonne venant de sa part, c’est la première fois que j’aurai la chance d’avoir un aperçu de ce qu’elle cache en elle. Elle ne bouge pas.

Ma douce amie reste assît sur ce rocher à observer un océan déchaîné, qu’elle semble comprendre mieux que quiconque.

Elle ne m’a pas regardé, aucun regard ne m’a été attribué. J’ai l’impression d’être la fautive, d’être celle qui a commit l’erreur. C’est peut-être le cas remarque.

Je peux enfin réfléchir calmement, mais à quel prix ?

Il me semble que lorsque les larmes de mon âme coulaient sur ses joues il y avait une mélodie qui résonnait dans l’air. Elle n’était pas chaleureuse mais bien plutôt du genre à vous glacer le sang d’un coup. Je suppose que ce ne pouvait être que le doux chant de la mort.

Que serait-il advenu de moi si je n’avais percé le mystère du chagrin qui transformait mon âme en l’une de ces pleureuses qui versent des litres de larmes pour une personne qu’elles n’aimaient peut-être pas ?

Je serais certainement devenue l’un de ces êtres sens âmes, qui ne savent qu’agir et non pas réfléchir, étudier, écouter et parler avec leurs cœurs.

La pluie commence à tomber, l’eau ruisselle dans les gouttières. Les pleurs de mon âme reprennent. Le silence n’existe plus.

Il existe encore tant de secrets en mon cœur que je n’ai pas découvert que cela me décourage à découvrir ceux qu’elle recèle.

Elle pleure au grès des vagues. L’eau de cet océan n’est pas turquoise, mais noire. Aussi noire que la tristesse qui anime mon cœur à la vue d’une âme en pleurs et du monde extérieur qui m’entoure.

Les nuages blancs virent tout d’un coup au noir et le ciel si bleu disparaît à vue d’œil.

Une lune rougissante apparaît. Ce n’est plus un rêve que je vis là, c’est un cauchemar. Un cauchemar dont je ne sortirais pas indemne.

Des cris commencent à hanter mon esprit. Je n’arrive plus à penser. C’est comme si je me trouvais dans une ruche : on peut y entendre des milliers de bourdonnements et cela brouille tous vos sens.

Vous ne pouvez plus rien faire à part attendre. Mais attendre en vivant une telle chose ce n’est pas attendre, c’est mourir. Vivre cette souffrance est insoutenable. Vous avez envie de hurler mais vous n’y arrivez pas, nous n’en avez pas la force.

Tous ces bourdonnements… tout ce bruit… c’est horrible !

C’est à vous rendre fou. Vous n’arrivez plus à vivre. Chaque soir vous vous cognez la tête contre les murs avec l’espoir qu’un jour vous serez libre. Libre de réfléchir, libre de penser. Mais le seul moyen de vous libérer serait peut-être de vous tuer.

A travers ma souffrance j’arrive à percevoir une forme humaine. Je l’appelle, lui demande de l’aide. Elle ne bronche pas.

Pourquoi ? Qu’ai-je fais qui mérite une telle souffrance ?

J’ai besoin d’aide et elle ne m’en apporte aucunement. Je souffre. Je n’en peux plus. La fatigue se fait sentir. Je m’écroule sur un sol blanc. Elle s’est approchée de moi. Elle tient ma tête entre ses mains. Je lui demande de l’aide. Elle me sourit et me dit que tout va s’arranger.

Elle m’est inconnue mais elle représente mon dernier espoir, ma dernière chance de survie. Je n’ai pas le choix. Il me faut lui faire confiance.

Elle semble calme et posée. Sa peau est si douce. Elle est si belle, on dirait un ange.

J’ai peur. Mais de quoi ?! De mourir. Je ne veux pas partir.

Est-ce qu’au moins j’ai le choix ? Est-ce que je peux choisir de rester ou de partir ?

J’ai si peur que mon tour soit venu. Je commence à pleurer. Je n’en peux plus. Je hurle. Je ne peux plus me contrôler. La peur a pris le dessus.

Des questions apparaissent dans mon esprit.

Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ?

Les bras de Morphée finissent par m’accueillir. Dans mon sommeil, je visualise l’état dans lequel mon esprit se trouve. J’erre entre différents couloirs. Tous ayant une longueur et nombre de porte infinis.

Je ne sais quelle porte prendre alors je continue ma route. Je suis vêtue tout de noir. Je ne sais plus rien, j’ai tout oublié. Toutes mes connaissances se sont envolées.

Je me réveille au milieu d’une rue. Un silence de mort règne. Un cercle d’individus m’entoure. Je suis allongée sur le sol.

Pourquoi suis-je ici ?

Je jette un regard sur ma droite, puis sur ma gauche. Il y a une flaque de sang. Je lève les yeux vers le ciel. Il y a des gens qui parlent derrière moi. Je me relève difficilement. Je titube comme si j’étais saoule. Ils me regardent l’air ébahit. J’ai l’impression d’être un monstre de foire qui s’est échappé.

Je trébuche. Je tombe à genoux sur les pavés de la rue. Je commence à tousser. Machinalement, mes yeux se ferment. En les rouvrant, je m’aperçois que j’ai craché du sang. C’est horrible. Deux personnes, un homme et une femme, se dirigent en courant vers moi. Ils se tiennent assis à mes côtés.

La femme me parle. On remarque dans sa voix énormément d’inquiétude et de peur. L’homme, quant à lui, hurle qu’une attitude que celle qu’ont les individus qui nous entourent est inhumaine, qu’il ne faudrait jamais laisser des personnes aussi malades que moi sans soins et sans aide. Le couple semble me connaître.

Je ne les connais pas moi.

Si, je reconnais la femme. C’est sur elle que je me suis endormie tout à l’heure.

J’hurle. Je ne supporte plus tout ce vacarme. Je n’en peux plus.

J’ai peur des gens qui sont face à moi. Je me suis réfugiée dans les bras de ma protectrice.

Je ne suis qu’une enfant. Une enfant dans un corps qui n’est pas le sien, un corps d’adulte. Cette chimère que le temps crée et qui aime s’identifier aux autres. Une chimère qui déteste la différence, qui n’aime que l’identique.

Je n’ai rien fait. C’est mon apparence qui s’est transformée. J’aurai voulu rester enfant, mais cela est impossible. Ça reviendrait à jouer avec les éléments et surtout avec la vie.

 

 

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Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic