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Citation de Juliet Faure, France

 

Suicide

 

Il y a une porte noire entre ouverte. Mon instinct me dicte de partir d’ici en courant, mais c’est ma curiosité qui l’emporte et me force à entrer dans la pièce.

C’est une chambre. Il y a une armoire, une commode, un lit à baldaquin et une table de chevet sur laquelle il y a une lumière.

Il y a également des peluches et des poupées en porcelaines. Je me croirai dans la chambre d’une petite fille.

Je me tourne vers le lit et je vois un énorme ours en peluche allongé dessus.

La fenêtre est ouverte et permet à un vent glacial de pénétrer la pièce. Il y a une petite fille assisse sur le rebord. Elle regarde la pleine lune.

Elle porte une chemise de nuit à dentelle avec des fleurs brodées de partout. Elle a de longs cheveux noirs tressés. Elle fixe la nuit et ses étoiles.

Elle écoute le hululement des chouettes et les hurlements des loups.

Elle ne semble pas avoir remarqué ma présence. Je m’avance vers elle pour la mettre au lit et fermer la fenêtre mais elle se retourne vers moi.

Elle a les yeux embués de larmes. Elle me désigne du doigt une lettre posée sur sa commode.

De là où je suis, je peux voir qu’il a fallu beaucoup de temps pour écrire cette lettre de façon claire et précise.

Je détourne mon regard de la lettre et commence à observer la fillette. Elle est maintenant debout sur le rebord de la fenêtre.

Elle me regarde une dernière fois et saute dans le vide.

Je me précipite vers la fenêtre mais la fillette a disparu. C’est comme si quelqu’un ou quelque chose était venu la chercher et l’avait emporté au loin.

Je m’aperçois qu’il y a une plume qui tombe du ciel. Elle est blanche, comme celle d’un cygne.

A cette heure-ci, les oiseaux sont tous couchés, qui plus est, il n’y a pas de cygne aux alentours.

Alors d’où provient cette plume ?

Je m’accoude sur le rebord de la fenêtre et fixe la blancheur de la lune. J’ai l’impression qu’elle me réchauffe.

Puis je m’aperçois que d’autres plumes tombent. Toutes plus blanches les unes que les autres. Je commence à rêver qu’un ange a emporté la fillette pour la protéger de la folie meurtrière des hommes. Mais j’aperçois très vite une plume en particulier. Celle-ci n’est pas blanche, elle est noire mais elle brille comme si un diamant formait ses fibres.

Je l’ai attrapé du mieux que j’ai pus, sans pour autant tomber dans le vide.

Elle était si belle. Je l’ai observé pendant un long moment.

Puis j’ai senti une présence derrière moi. Je me suis surprise à pleurer. J’étais redevenue enfant. J’avais la même robe que la fillette de tout à l’heure.

Il y avait toujours la lettre posée sur la commode.

Et puis je me suis mise debout sur le rebord de la fenêtre. J’ai regardé une dernière fois les personnes qui étaient dans la chambre.

Et j’ai sauté. Un ange est venu me rattraper pour m’emmener loin d’ici. Il m’a déposé sur un nuage, m’a fait pousser des ailes dans le dos et m’a dit :

« Maintenant que tu es un ange, tu vas devoir apprendre à te battre pour défendre ta cité. »

Puis je me suis endormie, pour ne plus jamais me réveiller.

 

 

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Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic