Conte-5015

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Conte de Hervé Poirine, France

 

J’ai entendu un cri l’autre nuit.

Ca m’a réveillé.

C’était un cri d’angoisse, le cri de quelqu’un qui souffre, le cri de quelqu’un qui a besoin d’aide, le cri de quelqu’un qui va peut-être mourir, le cri d’un écorché vif dans sa chair et dans son cœur.

J’ai écouté, je n’ai pas bougé.

Pourquoi bouger ?

Aujourd’hui, j’ai vu des jeunes taper sur un autre, un petit, un avec des lunettes et l’air intello, ils l’ont littéralement massacré et lui ont volé ses affaires. Le pauvre gosse pleurait toutes les larmes de son corps et puis j’ai vu une lueur d’espoir naître sur son visage : il venait de m’apercevoir.

J’ai tourné la tête et les talons.

Cette nuit j’étais dans le métro et une bande de skins s’en sont pris à un arabe. Ils parlent forts et sentent la bière, ils sortent des couteaux et commencent à faire peur à l’arabe, qui a peur, évidemment, et ils s’énervent mutuellement, et ils commencent à taillader le pauvre gars qui crie, et le sang coule, et ils vont le tuer, je le sens bien.

Je suis sorti deux stations avant mon arrêt, le nez plongé dans mon journal.

Et puis voilà, c’est presque tout.

Ah ! Non, pas tout à fait.

Je suis là en train d’agoniser sur le trottoir après que deux voleurs s’en soient pris à moi. Et comme j’ai refusé de céder à leur chantage, ils m’ont mis une balle de revolver dans le ventre, et je sens mes tripes qui bouillonnent et la bile qui me remonte à la gorge, et je sens la vie me quitter, et j’essaie d’appeler au secours, mais les gens passent et repassent sans même me jeter un coup d’œil.

Je meurs et je ne comprends pas : pourquoi tant d’indifférence ?

 

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Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic