Conte-5020

Catégories Auteurs Récompenses Actualité Statistiques

 

Conte de Hervé Poirine, France

 

Avec ma copine, Valérie, on échange beaucoup, on échange même presque tout.

Comme nous sommes voisines, et en tant que bonnes voisines, nous bavardions un brin pour entretenir de bonnes relations, bien sûr, on en est venu à parler des repas, et qu’est-ce que tu lui fais ce soir, et demain midi, et patati et patata, on s’est aussi rendu compte de la monotonie de nos plats, alors nous avons commencé par échanger des recettes.

Comme nos familles avaient l’air ravie, nous nous sommes liées, d’abord par les recettes, puis ensuite, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, nous devenions amies.

Comme toutes les amies, nous parlâmes évidemment chiffons, petites robes, bustier, etc.

Nos deux garde-robes étaient bien remplies, mais nous étions toutes deux avides de nouveauté.

Alors, comme nous avons la même corpulence, nous finîmes par nous échanger quelques affaires pour la plus grande satisfaction de nos époux respectifs, nous trouvant l’une et l’autre plus attirantes qu’auparavant.

Nous en rîmes beaucoup, elle et moi, de voir nos deux mâles redevenir des amants charmants et attentionnés pour quelques fanfreluches différentes, et nous en fûmes aussi flattées.

Cela nous donna l’idée d’aller un peu plus loin dans l’échange des fringues : nous passâmes à la vitesse supérieure et nous échangeâmes nos sous-vêtements, nous n’avions pas les mêmes goûts en la matière, ce qui nous satisfaisait l’une et l’autre, car nous voulions tester justement cette différence sur nos hommes.

Grands Dieux ! Ce fut le feu d’artifice, mes enfants : apéritif avec amuse-gueule, entrées froide et chaude, plat principal accompagné de garnitures, fromage et dessert, et même le pousse-café y était !

Jamais vécu depuis nos rencontres mutuelles !

C’est à ce moment là qu’on commença à se dire que nos hommes préféraient peut-être leur voisine à leur épouse matrimonialement reconnue…

On décida donc, après maintes discussions avec Valérie, d’échanger nos hommes.

Cela devait se faire discrètement, sans qu’ils le sachent et nous convîmes que nous ne pourrions y arriver que lorsque le jour serait tombé

Nous nous faufilâmes donc l’une chez l’autre pendant la nuit, pendant que nos époux respectifs dormaient du sommeil du juste, et nous les réveillâmes avec des attentions toutes particulières…

Cela leur donna un coup de fouet à l’un et à l’autre, que tout ce que j’ai pu dire avant concernant mes sensations ne sont rien en comparatif de ce que nous vécûmes cette nuit là et qu’aucun mot ne pourrait traduire.

Avant l’aube, nous regagnâmes nos logis respectifs, et lorsque nous nous croisâmes, nos yeux brillants en disaient plus que n’importe quelle phrase.

Nous continuâmes de temps en temps notre petit jeu, mais nous sentions bien qu’on ne supportait plus nos propres époux et que nous étions vraiment bien avec celui de l’autre.

Et bien maintenant, c’est possible !

Nous n’avons pas divorcé, non, ce n’est pas ce que nous voulions Valérie et moi.

Nous avons, comment dirais-je, échangées nos vies.

Chacune, maintenant, habite chez l’autre et nous nous voyons toujours aussi souvent et nous rions toujours autant, et nos maris n’ont rien remarqué.

Ils sont heureux comme des papes avec leurs charmantes fausses épouses, ils sont comme des adolescents prêts à tout pour séduire, que c’en est attendrissant de les voir comme ça.

Je vous disais qu’on avait la même corpulence, mais nos ressemblances ne s’arrêtaient pas là, non.

Nous avions la même couleur d’yeux et la même couleur de cheveu.

Nos peaux étaient assez semblables, et le chirurgien esthétique qui s’occupa de nous échanger effaça ou ajouta certains détails trop reconnaissables chez l’une ou l’autre.

Elle est moi et je suis elle !

Mais pas totalement…

C’est pourquoi, bientôt, nous allons échanger notre sang, notre cœur, nos viscères, notre sexe, nos poumons, notre cerveau, notre ADN, nous voulons être l’autre en totalité…

 

Accueil Editions Partenaires Nous rejoindre

 

Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic