Conte-5024

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Conte de Hervé Poirine, France

 

Ils ne pensent qu’à mon cul quand je voudrais qu’on s’occupe de mon cœur.

Qu’est-ce qu’il a mon cul ? Il vous plaît ?

Pourquoi, dès qu’une nana est en votre présence, vous vous comportez comme des machos invétérés alors que vous savez être si sympathiques et attentionnés parfois ?

Mais pour cela, il faut que vous soyez seuls, en tête-à-tête avec moi, les yeux dans les yeux et plus votre regard rivé sur mon arrière-train !

Mais voilà, dès que vous êtes en bande, c’est fini : c’est comme si chacun montait les enchères pour savoir lequel serait le plus con à la fin !

Rassurez-vous, vous avez tous gagné à ce jeu ! Je vous donne ex aequo ! Pas de souci, vous n’aurez pas à rougir devant vos copains de votre humanité débordante !

Oui, j’ai un cul, et il est très bien, mon cul, très mignon, mais est-ce que je vous regarde votre bite toutes les cinq minutes en fantasmant comme une cinglée ? Vous rigolez ?

Ah ! Voilà ! J’utilise vos mots et vous me regardez comme si j’étais tombée sur la tête ! Vous ne comprenez plus ! Comment ? Moi sortir des mots aussi grossier alors que vous pensiez que j’étais une femme digne de ce nom ?

Mais c’est quoi une femme digne de ce nom ? Une femme qui ferme sa gueule pendant que vous déblatérez sur elle ? Une femme qui vous sert des bières que vous pourrez roter tout votre saoul, sans vous gêner pour ses pauvres oreilles qui n’en demandent pas tant dans la grossièreté ? Une femme qui pourrait, pourquoi pas, être votre fantasme quotidien sous vos plaisanteries grasses et dénuées de toute originalité ?

C’est ça une femme pour vous ?

Mais regardez-vous ! Vous ne savez pas ce qu’est une femme ou vous n’en avez pas aimé depuis longtemps.

Une femme, ce n’est pas que des orifices que vous pourrez remplir de vos secrétions minables…

Non, une femme, c’est un être à part entière aux mêmes droits que vous, les mâles prétentieux, aux mêmes envies, oui, nous avons des envies, aux mêmes sentiments, ou presque.

Une femme vous domine, non pas par sa capacité physique, mais par cette capacité à vous laisser ce pouvoir auquel vous croyez tant pour vous donner une image dans la vie, pour vous sentir exister.

Une femme n’a pas besoin de ce pouvoir : elle le détient par ce qu’elle existe.

Ce pouvoir après lequel vous courrez n’est qu’une illusion de vous-mêmes parce que vous avez trop peur de vous regarder dans un miroir, de savoir vraiment qui vous êtes.

Voilà, messieurs, fantasmez sur mon cul, si vous le désirez, mais sachez que je suis comme vous, j’ai un cœur qui bat dans cette poitrine qui vous fascine, un cœur qui parfois a mal de votre pseudo-supériorité et de vos rires gras et lourds.

Soyez sympas pour une fois : essayez d’être moi.

 

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Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic