Conte-5028

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Conte de Hervé Poirine, France

 

Elle était là devant moi.

Elle nageait juste sous mes yeux.

Je n’ai pas reconnu le style, crawl, brasse ou nage papillon, parce que j’étais quand même trop loin.

Elle s’exhibait sous mes yeux, naïade inexpérimentée, se démenant de tous ses membres pour parvenir régulièrement à la surface.

Je la regardais faire, sans bouger, je l’observais comme un voyeur qui attend le pire et qui sait qu’il va arriver.

Elle n’était pas très bonne nageuse et ce que je craignais en même temps que je le souhaitais arriva : elle avait de plus en plus de mal à revenir à la surface et elle se débattait de moins en moins.

Je ne voulais pas tout à fait cela, du moins pas tout de suite.

J’accourus à son secours, lui permettant de respirer et de reprendre son souffle, puis je la remis là d’où elle venait, reprenant mon poste d’observation.

Le même manège repris, tous les membres en éveil, elle se débattait comme une belle diablesse pour sortir de ce liquide dans lequel elle s’était fourrée une première fois toute seule… et une seconde avec mon aide.

Cette fois-ci, j’avais décidé d’assister à sa fin.

Celle-ci ne tarda pas.

Elle se démenait mollement depuis un moment, et puis soudain, plus rien : je tentai de m’en assurer.

Quelques soubresauts réactifs et ce fut sa mort, atroce et douloureuse.

Elle flottait là, inerte et inutile, maintenant, cadavre d’une vie qui existait il y avait encore quelques minutes.

Je n’éprouvai aucune tristesse, aucun remord : pourquoi en aurais-je eu ?

Je l’avais assistée dans sa mort, il fallait que je l’assiste dans ses funérailles.

Je les organisai pieusement, prenant mon temps.

Je mis ma cuillère dans ma soupe, enlevai la mouche qui y était décédée et la jetai à la poubelle.

 

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Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic