Nouvelle-5004

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Nouvelle de Émile Léger, Canada

 

Le parfait néant

 

Il comparait son existence à une fontaine. En effet, à chaque aube, il se
réveillait dans une source jaillissante de bonheur inépuisable.

...Tout lui semblait tellement parfait.

Heureuse et épanouie avait été son enfance, et celle-ci n'était constituée
que d'amour, d'attention, de regards, de jeux et de friandises.

...Tout lui semblait tellement parfait. Tellement.

Longuement les grands lui avaient-ils parlé de l'adolescence, période de la
vie qui, semblait-il, allait sans doute pousser des nuages devant l'aube.
Pourtant, l'aube était toujours là, à chaque matin, et son adolescence était
marquée par la perfection.

Tout lui semblait tellement parfait.

Il avait vieilli sans aucun tracas. Il avait épousé une parfaite jeune
femme, il avait complété de longues études avec succès, avait déniché
l'emploi de rêve. L'argent était loin d'être un problème, et il avait fait
trois enfants modèles à sa femme.

Tout lui semblait tellement parfait.

Un jour, il se leva. Il n'y avait rien autour de lui. Il n'avait pas de
femme, pas d'enfants. Pas d'argent. Pas de travail. Pas de maison. Rien.
Rien n'existait. Il n'existait même pas. Il n'était rien. Rien. Il était
seul dans l'existence, tout seul. Puisque l'existence n'était que néant.

 

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Mise à jour ; 12 mars  2005   Copyright © 2004, Les éditions Mélonic