Poème de Josée Bouffard, Canada
Devenir poète
La poésie c'est un enfer intérieur.
Seules les beautés d'un paradis extérieur détiennent les secrets de son
langage.
Devenir poète voilà un de mes plus intenses malheurs.
Car je n'utilise que mon cheminement vécu comme unique bagage.
Pour moi, repousser les limites de sa propre vie.
C'est inventer une poésie faite à son unique mesure.
Le vent de l'espace temps perd alors son emprise et s'enfuit.
Dans sa fuite, un poème est né et cela, au plus haut point me rassure.
Mes discussions se limitent à tout ce qui est poétiquement correct.
Hélas, je n'attire pas les foules avec mes paroles.
Elles sont issues d'une profondeur sans nom et semblent parfois
suspectes.
Pour tous les non éveillés, elles ne ressemblent à aucun symbole.
Je pleure sur moi de temps à autre.
Il le faut bien, je suis la seule à me connaître par coeur.
Je pose parfois sur moi un regard glauque.
Puis je me reprends, j'écris afin de repousser la peur.
Lorsque les vers ne créé que des rimes.
Cela m'impressionne moins.
Mais lorsque ces derniers, de mon univers personnel s'expriment.
Je réussis difficilement à contenir le flot d'émotions qui subitement me
rejoint.
Devenir poète c'est assister chaque jour à une nouvelle naissance.
La naissance d'une oeuvre par l'enchaînement de mes mots
procure en moi une joie indescriptible et apaisante.
Cela me fait réaliser à quel point le moment présent demeure le plus
précieux de tous les cadeaux.
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